Ils ont noté que plusieurs études récentes allaient dans le même sens pour expliquer ce curieux comportement : l’explication résiderait essentiellement dans le fonctionnement de notre cerveau. Dès qu’il est confronté à un problème, notre cerveau se met à fonctionner d’une des deux seules façons possibles. Soit il adopte le système 1 (rapide, intuitif, automatique, sans effort, en tenant compte des émotions), soit il adopte le système 2 (lent, réfléchi, proactif, nécessitant des efforts, sans tenir compte des émotions).
Du coup, lorsqu’il est confronté à quelque chose d’inattendu (par exemple, un enfant en train de se noyer), notre cerveau recourt aussitôt au système 1 : nous n’écoutons plus dès lors que notre coeur et nous sautons à l’eau, au péril de notre vie; sans réfléchir. Cela étant, il peut arriver qu’un détail freine notre élan au dernier moment : on peut imaginer, par exemple, que le cerveau se rappelle que l’on ne sait pas nager, et donc qu’il serait ridicule que les deux se noient. Si bien que nous passons au système 2, qui va nous inciter à agir autrement, de manière plus raisonnable, comme d’appeler au secours.
Les quatre chercheurs, en considérant ce cas de figure particulier, ont noté que l’élément déterminant était finalement… le temps. Oui, le temps pris avant d’agir. Plus on s’accordait de temps avant de passer à l’action, plus il y avait de chances que l’on passe du système 1 au système 2. Et donc, plus il y avait de chances qu’on prenne une décision raisonnable lorsque nous sommes confrontés à l’inattendu.
Ils ont voulu vérifier cette intuition, et ont pour cela décidé de s’intéresser à l’injustice. Comment faire pour y réagir au mieux, sans céder trop aisément à nos impulsions? se sont-ils demandé. Et pour s’en faire une idée, ils ont concocté une petite expérience…