Comment expliquer ce phénomène? Plus précisément, comment se fait-il que les groupes n'apprennent pas tant que ça de leurs expériences? «Une analyse en détail des discussions qui ont eu lieu au sein des binômes montre que leurs membres ont passé beaucoup de temps à s'entendre, au lieu de juste parler stratégie. Si bien que les réflexions qui auraient pu enrichir la stratégie lors du second tour de jeu n'ont tout simplement pas eu lieu, ou à peine. Même si nous ne savons rien quant aux pensées qu'ont eues ceux qui jouaient en individuel, on peut néanmoins imaginer que peu de ces participants-là ont perdu leur temps en tergiversations, et ont plutôt réfléchi à la meilleure stratégie à suivre», indiquent les deux chercheurs italiens dans leur étude.
Autrement dit, les binômes ont un avantage immédiat, mais perdent celui-ci dès lors que les décisions se multiplient. Parce que les individus apprennent nettement mieux qu'eux de leurs expériences passées, pour ne pas dire de leurs erreurs.
Que retenir de tout ça? Ceci, à mon avis :
> Qui entend prendre une décision cruciale se doit de trancher en équipe, pourvu que celle-ci soit stable. Pourquoi? Parce que les décisions prises à plusieurs sont meilleures que celles prises individuellement lorsque la décision en question a une conséquence immédiate. Parce que les décisions prises à plusieurs sont tout aussi bonnes que celles prises individuellement lorsque la décision en question a des conséquences dans la durée. Mais à une condition, à savoir que les membres de l'équipe se connaissent bien ; sans quoi, on risque de perdre beaucoup de temps en tergiversations oiseuses. À noter que cette méthode a un revers : décider à plusieurs ne favorise autant l'apprentissage à partir des erreurs commises que lorsque cela est fait par un individu seul face à ses responsabilités. En conséquence, il est important que l'équipe prenne le temps de tenir des réunions post-mortem, histoire de se donner la possibilité d'apprendre chemin faisant.
En passant, l'écrivain malien Massa Makan Diabaté a dit dans Une hyène à jeûn : «Être grand, c'est revenir sur ses erreurs».
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