> Un outil de motivation. L’employé qui espère recevoir une récompense – et qui a de bonnes chances pour cela (il sait qu’il est sur la bonne voie pour cela) – voit sa performance progresser jusqu’à la divulgation des résultats finaux.
> Un outil rarement efficace. L’employé qui a empoché une récompense liée au fait d’avoir «socialement» bien agi (c’est-à-dire d’avoir fait quelque chose de bien pour l’ensemble du groupe, pas juste pour sa petite personne) voit sa performance continuer de croître; cela n’est pas vrai pour celui qui a juste eu une très bonne performance personnelle.
> Un outil à courte durée de vie. L’employé récompensé qui voit sa performance continuer de progresser ne poursuit ses efforts en ce sens que très peu de temps. Cela signifie que toute récompense n’a soit aucun effet, soit un effet de très courte durée.
> Un outil dont on se lasse vite. L’effet d’une récompense est plus marqué lorsque c’est la première fois qu’on la gagne que les fois suivantes.
> Un outil apprécié des employés peu talentueux. L’effet d’une récompense est aussi plus prononcé lorsque la performance du lauréat était jusqu’alors dans la moyenne, ou encore inférieure à celle-ci.
Voilà… Les conclusions de l’étude parlent d’elles-mêmes, me semble-t-il. Qu’en pensez-vous?
Avez-vous une politique de récompenses dans votre propre entreprise? Et si oui, ressemble-t-elle moindrement à celle de l’institution financière en question? En ce cas, je vous invite à regarder s’il n’y a pas moyen de la revoir de A à Z… Et si jamais vous songiez à vous en doter d’une, eh bien, pensez-y à deux fois…
On en revient à la case de départ : remporter un prix, c’est indéniablement agréable. Faut-il pour autant s’en priver, parce qu’une étude scientifique montre que les récompenses n’ont pas l’impact généralement escompté? Pas sûr… On s’entendra, j’imagine, pour dire que rien ne vaut une bonne tape dans le dos – une vraie, une sincère –, oui, rien ne vaut ce petit geste, et certainement pas une poignée de dollars distribuée à l’occasion, de manière périodique et, dans le fond, impersonnelle…
En passant, Benjamin Constant a écrit dans son Journal : «J’ai remarqué qu’il fallait remercier les hommes le moins possible parce que la reconnaissance qu’on leur témoigne les persuade aisément qu’ils en font trop! J’ai vu plus d’une fois des gens reculer au milieu d’une bonne action parce que, dans leurs transports, ceux pour qui ils la faisaient leur en exagéraient l’étendue»…