> Ceux qui, avant de faire les exercices de créativité demandés, ont regardé un sketch humoristique de Robin Williams ont émis 20% plus d’idées créatives que les autres;
> Et ceux qui, au préalable, ont été enivrés à l’alcool ont eu 30% plus d’idées neuves (et intéressantes!) que les autres.
Que déduire de ces constats? Que l’idéal pour faire preuve de créativité est… d’être décontracté! Rire un bon coup avant de réfléchir est une bonne chose. Idem, être enivré (mais pas rond comme une queue de pelle!), et donc détendu, aide nettement plus que tous les Red Bull que certains – à tort – engloutissent avant tout effort cérébral.
«Le même phénomène explique pourquoi l’on trouve souvent de bonnes idées dans des endroits inusités, et non en s’échinant des heures sur une feuille blanche installée sur son bureau, dit M. Lehrer. On peut penser à Archimède et son bain, ou encore au physicien Richard Feynman, qui a révolutionné la mécanique quantique en rédigeant ses équations géniales… dans des clubs de danseuses nues!»
Pour avoir l’illumination, le meilleur truc est-il donc d’aller prendre une bière Chez Parée, en rigolant avec ses chums? Pas du tout! Ce serait trop facile. Toute véritable innovation est avant tout le fruit d’un long travail. L’étincelle de génie ne peut survenir qu’après cela, de manière, disons, imprévisible, c'est-à-dire à un moment où l’on ne s’y attend pas. Un exemple lumineux : Milton Glaser et son fameux logo «I Love New York» (avec un cœur au lieu du mot «Love»)…
En 1975, le designer Milton Glaser a accepté un mandat intimidant, à savoir concocter un logo pour la Ville de New York, un logo tellement génial qu’il donnerait envie à tout le monde d’y faire du tourisme. Il y a réfléchi des semaines durant, au point d’en être obnubilé, et a pondu le slogan le plus simple possible «I Love New York» (en toutes lettres). Son idée a suscité l’enthousiasme, et a été acceptée sur-le-champ.
Mais lui, sans trop savoir pourquoi, ne se sentait pas satisfait. Et il ne pouvait pas s’empêcher de continuer à y penser, sans en parler à qui que ce soit. Il devinait qu’il était passé à côté d’un coup de génie, mais était incapable de mettre le doigt sur ce qui n’allait pas dans son «I Love New York». Et un jour, à bord d’un taxi, c’est venu d’un coup : au lieu du «Love», il fallait mettre le dessin d’un cœur rouge. Aujourd’hui, qui sur la planète ne connaît pas le logo de New York…