Que serait le FC Barcelone sans Lionel Messi? Photo : DR.
BLOGUE. Nous avons tous en tête des exemples de leaders si talentueux qu’à eux seuls ils ont fait une différence extraordinaire. On peut penser au domaine du sport, par exemple à Lionel Messi, le prodige du FC Barcelone. On peut aussi songer au milieu des affaires, notamment à feu Steve Jobs : Apple lui doit la progression spectaculaire de la valeur de son titre boursier; d’ailleurs, le 14 janvier 2009, le jour où Apple a annoncé son retrait pour des raisons médicales, l’action en Bourse du fabricant du iPad et autres iPhone a immédiatement chuté de 7,1% à Wall Street. Mais voilà, ne s’agirait-il là que d’exceptions? Des exceptions qui cacheraient une toute autre réalité, à savoir que les personnes talentueuses ne jouent pas un si grand rôle que ça dans la performance globale d’une équipe ou d’une entreprise?
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Impossible à savoir, me direz-vous a priori. Et pourtant, si. La réponse à cette importante interrogation existe. Je l’ai dénichée dans une étude passionnante intitulée Dancing with the stars : How talent shapes firm performance. Celle-ci est l’œuvre de Bo Eriksen, professeur de gestion des affaires, de l’University of Southern Denmark, à Odense (Danemark). Elle indique que le talent est une denrée nécessaire pour qui entend briller, mais une denrée dangereuse, car elle peut tout aussi bien griller tout ce qui l’environne…
Ainsi, M. Eriksen a commencé par se demander comment il était possible de conceptualiser la notion de talent. Conceptualiser, c’est-à-dire évaluer, voire quantifier, quelque chose d’abstrait. Pas facile, n’est-ce pas? Il a alors eu l’idée de se pencher sur les salaires des employés et des managers d’une entreprise. En effet, on peut raisonnablement considérer que la rémunération d’une personne reflète son apport à la performance de l’entreprise, si bien que ceux qui ont des salaires «étrangement élevés» par rapport à la moyenne de ceux qui occupent des fonctions similaires doivent cette «étrangeté» à… leur talent! De fait, s’ils sont payés plus que ce qu’ils devraient, ce n’est pas par pure générosité de l’employeur, ni une erreur de sa part, mais bel et bien parce qu’il y a une raison valable pour ça, soit le «petit plus» qu’il a et que d’autres n’ont pas.
Pas mal, comme approche, non? Partant de ce postulat, le chercheur s’est plongé dans une base de données riche en informations sur les entreprises et chacun de leurs employés, la Statistics Denmark’s Integrated Database for Labor Market Research (Ida), dont l’accès est strictement réservé à des chercheurs triés sur le volet. Il s’est intéressé à 3 033 PME danoises, et y a traqué les personnes les plus talentueuses, tant parmi les employés que parmi les managers, et a scruté à la loupe leur apport à l’entreprise sur le plan financier, entre 1995 et 2007.
Les résultats sont impressionnants, et même, disons le carrément, déstabilisants quand on les regarde en détail :