Pourquoi je mise sur les produits non alcoolisés

Publié le 16/01/2024 à 11:50

Pourquoi je mise sur les produits non alcoolisés

Publié le 16/01/2024 à 11:50

«Que ce soit pour une question d’image personnelle, de santé, de budget, le mouvement sober-curious est beaucoup plus qu’une simple tendance, mais bien un nouveau mode de vie et de consommation.» (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Depuis quelques années, l’industrie des alcools (vins, bières, spiritueux et autres) est témoin d’un profond changement des habitudes de consommation. «Sober October», «Dry January», «Février sans alcool», les initiatives et défis faisant la promotion de réduire, modérer, prendre une pause, voire arrêter complètement sa consommation d’alcool naissent aux quatre coins de la planète attirant chaque année de plus en plus d’adeptes.

Bien que les produits sans alcool, ou devrais-je dire non alcoolisés, tel que l’exige Santé Canada, ne sont pas nouveaux sur le marché, la «normalisation» de leur consommation est belle et bien nouvelle. En effet, il y a à peine quelques années, boire une bière ou un cocktail sans alcool entraînait des questions de toute part sur la raison de ce choix, et des soupçons (souvent secrètement!) sur une grossesse, la prise de médicaments ou un problème de consommation!

Cette «trilogie de causes» a, depuis des années, marqué au fer rouge l’industrie des boissons pour adultes sans alcool. Vous avez compris que je ne parle pas ici de jus d’orange, de thé glacé ou de lait au chocolat, mais bien de produits étant à l’origine consommés dans leur version alcoolisée comme le vin, la bière ou les spiritueux.

En lançant nos cocktails prêts à boire en version non alcoolisée en janvier 2022, quelques mois seulement après avoir investi dans la micro-brasserie BockAle, pionnière dans la production de bières non alcoolisées, j’espérais ne pas me tromper. À mes yeux, cette catégorie allait drastiquement révolutionner nos habitudes de consommation.

Voici les trois principaux constats sur lesquels j’ai basé ma décision d’affaires:

 

La modération a bien meilleur goût!

Il faut croire que les stratèges marketing de la Société des alcools du Québec étaient de réels visionnaires en imaginant, il y a 35 ans, l’un des slogans les plus populaires de l’histoire de la publicité. Revendu pour la symbolique somme d’un dollar à l’organisme Éduc’Alcool, «La modération a bien meilleur goût» n’aura jamais été autant d’actualité qu’aujourd’hui.

Beaucoup d’entre nous ont revu leur relation avec l’alcool, à la suite des excès des années pandémiques et des différentes mises en garde des autorités de santé publique à propos des risques liés à la consommation d’alcool.

La grande majorité des nouveaux adeptes de produits non alcoolisés n’optent pas pour l’abstinence, mais plutôt pour la modération. Selon les données de ventes Nielsen, plus de 80% de ceux-ci achètent également des produits alcoolisés.

 

Une question de génération

Les récentes données démontrent que la Génération Z (née entre 1995 et 2010) consomme 20% moins que les millénariaux (nés entre 1980 et 1994) qui eux, consomment moins que les X (nés entre 1960 et 1980).

Que ce soit pour une question d’image personnelle, de santé, de budget, le mouvement sober-curious est beaucoup plus qu’une simple tendance, mais bien un nouveau mode de vie et de consommation.

 

Une nouvelle offre

Ce changement d’habitude influence directement l’industrie en offrant de nouvelles opportunités, forçant les géants à adapter leur offre et les PME — des entreprises comme la mienne — à miser sur l’innovation et à lancer sur ce marché émergent (promis à une fulgurante croissance) de nouvelles gammes de produits.

Que ce soient des leaders de l’industrie de la bière, tels AB InBev, des spiritueux tels Diageo et Pernod Ricard ou du vin, tels Torres et Freixenet, tous ont massivement investi dans cette catégorie afin de répondre à la demande.

Toutefois, tout est encore à bâtir. Les ventes totales de produits non alcoolisés aux États-Unis en 2022 totalisaient 395 millions de dollars américains, soit 700 fois moins que celles de produits alcoolisés, totalisant plus de 260 milliards de dollars américains!

Pour l’instant, des pays comme le Canada, les États-Unis, l’Allemagne et l’Australie mènent le bal, mais ne soyez pas surpris de voir la vague envahir plusieurs nouveaux marchés dans les prochaines années. Sur ce, je vous dis «tchin tchin» avec… ou sans alcool!

 

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À propos de ce blogue

Je me suis lancé en affaires quelques jours après avoir gradué de l’Université de Montréal en science politique. Un peu par hasard, beaucoup par folie, je suis devenu entrepreneur sans trop savoir ce qui m’attendait. Bien que ma première expérience en affaires fut catastrophique, je suis tombé en amour avec l’entrepreneuriat. Aujourd’hui, je suis à la tête d’un des plus grand producteurs de spiritueux et prêt-à-boire en Amérique du Nord et ce ne sont pas les projets qui manquent! Depuis novembre 2015, je partage chaque semaine ici mes idées, mes opinions et ma vision sur le monde des affaires et les sujets de société qui m’interpellent. Bienvenu dans mon monde!

Nicolas Duvernois

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