Quand la quantité est préférable à la qualité
L’une des forces de Google est sa grande capacité d’innovation. Aussi, ses deux cofondateurs Sergey Brin et Larry Page se sont toujours préoccupés de leurs serveurs. D’abord, parce qu’il s’agissait du plus important poste de dépense lorsque l’entreprise était en démarrage. Ensuite, parce que les serveurs sont un facteur important dans la vitesse d’exécution de leur moteur de recherche. D’ailleurs, Steven Levy révèle dans son livre que Larry Page, l'actuel PDG de Google, est obsédé par la vitesse et qu’il peut même percevoir une unité de temps aussi courte qu’un dixième de seconde (100 millisecondes).
L’auteur relate également que Google a étudié des hypothèses pour le moins originales, telle que de construire un centre de données dans le cercle arctique ou encore en Islande pour produire de l’électricité grâce aux sources géothermales du pays. Du reste, si les emplacements finalement choisis par Google n’ont rien d’extraordinaire, sa stratégie en matière de serveurs l’est davantage.
Les serveurs produisant beaucoup de chaleur, le refroidissement compte pour une part importante des frais d’exploitation d’un centre de données. Aussi, alors qu’un centre de données est en général maintenu à environ 20 °C, Google laisse la température monter jusqu’à 27 °C dans ses centres, quitte à ce que le taux de bris de ses serveurs augmente un peu.
Google n’a jamais considéré ses serveurs comme une ressource précieuse et a toujours opté pour les composantes les moins chères. Du reste, la solution logicielle de Google permet à ses ingénieurs de considérer chacun de ses centres de données comme un ordinateur immensément grand, et le bris de serveurs n’a aucun impact sur ceux-ci. Régulièrement, des techniciens remplacent les serveurs brisés, mais Google pourrait en perdre des centaines de milliers sans que ses services soient affectés gravement.
Quand on considère que chaque minute, 35 heures de vidéos sont téléversées sur YouTube, et que la taille d’Internet, que Google enregistre littéralement sur ses serveurs, double tous les cinq ans, on conçoit pourquoi le géant de Mountain View a un si grand intérêt pour les centres de données. Et qu’il en construit davantage qu’il n’en a besoin pour l’instant.
Steven Levy, In The Plex: How Google Thinks, Works, and Shapes Our Lives, New York, Simon & Schuster, 12 avril 2011, 424 p.