Mark Zuckerberg et l’intelligence artificielle
La création d’un groupe de recherche en intelligence artificielle par Facebook est significative. Avec une sommité comme Yann LeCun à sa tête et des bureaux à Menlo Park, New York et Londres, l'initiative permet à Facebook d’entrer par la grande porte dans la ligue d’IBM et de Google dans ce domaine. L’annonce devrait aussi susciter un intérêt accru pour les chercheurs en intelligence artificielle, qui n’ont jamais été aussi populaires auprès des grandes entreprises : « Ce qui se passe avec Facebook et Google fait en sorte que la demande est intense. Les étudiants qui sortent des labos comme le mien se font offrir des salaires plus élevés que le mien, qui est un très bon salaire quand même. »
Selon Yoshua Bengio, la nouvelle expertise de Facebook en matière d’apprentissage profond permettra à l’entreprise de mieux comprendre ses utilisateurs : « Sur Facebook, on publie de grandes quantités de textes, d’images et de vidéos; pour choisir ce qui va apparaître dans votre fil de nouvelles, Facebook doit analyser ce contenu d’un point de vue sémantique, pour déterminer lesquels ont le plus de chance de correspondre à vos intérêts. » Il va sans dire que ce discernement automatisé pourrait aussi être appliqué à la publicité, et ainsi, se transformer en clics et en revenus.
Malgré cet intérêt à court terme, Mark Zuckerberg aurait un intérêt personnel pour l’apprentissage profond et l’intelligence artificielle en général. Le pdg de Facebook a d’ailleurs participé, avec son directeur des TI Michael Schroepfer, à l’atelier de la semaine dernière organisé par Yoshua Bengio : « Il cherchait à apprendre plus sur ce domaine, à côtoyer des chercheurs et à comprendre mieux ce qu’ils font », explique le professeur.
Durant l’événement, le pdg de Facebook a expliqué que les chercheurs à son emploi continueront à faire de la recherche fondamentale: « Ce que Mark Zuckerberg a dit, c’est qu’il a l’intention de permettre à ses chercheurs de publier facilement », explique Yoshua Bengio.
S’il y a encore des inconnues par rapport aux ambitions à long terme de Facebook en matière d’intelligence artificielle, Mark Zuckerberg semble avoir fait bonne impression auprès de la communauté universitaire : « J’ai été surpris, étant donné le travail qu’il fait au quotidien, de sa capacité à comprendre des concepts et à poser les bonnes questions, relate le professeur de l’Université de Montréal. Je pense que son intérêt est sincère, et qu’il a mis du temps pour bien comprendre ce domaine-là. »