Pour Steve Jobs, la gestion des ressources humaines ne consistait pas à favoriser l’épanouissement des employés, mais à les placer, puis les maintenir dans les fonctions où ils sont les plus performants. Bref, sans qu’il ne soit question du principe de Peter dans le livre, on comprend que Steve Jobs mettait tout en œuvre pour éviter que ses employés atteignent leur niveau d’incompétence.
3. Bâtir un conseil d’administration docile
Steve Jobs a vécu l’opprobre d’être écarté de son poste de pdg d’Apple dans les années 1980. Cet épisode explique sans doute pourquoi il a pris ses précautions lors de son retour à la barre en 1997. Il n’a toutefois pas emprunté le chemin de la facilité et nommé des membres de sa famille ou de purs inconnus au conseil d’administration.
Au contraire, Steve Jobs a nommé des personnalités au CV bien garni, mais qu’il a choisi pour une tout autre raison : parce qu’il était persuadé qu’elles ne s’opposeraient jamais à lui. Son conseil d’administration était notamment composé de l’ancien vice-président américain Al Gore, du PDG de Walt Disney (dont Jobs était le plus important actionnaire) Robert A. Iger et de celle d’Avon, Andrea Jung.
Steve Jobs ne s’en cachait pas et se plaisait à rappeler à son conseil que son administrateur préféré était Larry Ellison… parce qu’il ne se présentait tout simplement aux réunions. Durant une réunion du conseil, Steve Jobs aurait même déposé une photo grandeur nature d’Ellison sur une chaise et aurait posé des questions à l’absent pour illustrer ce à quoi il s’attendait de ses administrateurs. Le PDG milliardaire d’Oracle, reconnu pour passer beaucoup de temps sur son Yatch, a d’ailleurs cité son manque de temps pour assister aux réunions lorsqu’il a démissionné du conseil d’administration d’Apple.
Adam Lashinsky, Inside Apple, How America's Most Admired – and Secretive – Company Really Works, New York, Business Plus, 2012, 223 p.