Cette approche, dont l’efficacité a été prouvée pour traiter le déficit de l’attention, est reprise par de nombreux bien portants qui souhaitent augmenter leur performance intellectuelle ou seulement apprendre à relaxer. Pour ce faire, ces derniers se rabattent sur des casques d'électro-encéphalographie (EEG) comme le Muse et le NeuroSky, qui viennent avec des jeux auquel on peut jouer avec notre pensée, en modifiant l’activité électrique de notre cerveau.
Yannick Roy s’intéresse à cette avenue, mais dit faire attention aux raccourcis intellectuels : « Même s’il y a un fondement scientifique, il faut garder en tête que les études ont été faites sur des patients avec de l’équipement coûtant des dizaines de milliers de dollars, et non avec des casques à 100$ », lance-t-il.
Yannick Roy s’intéresse aussi à la stimulation transcrânienne à courant direct (tDCS), qui consiste à s’administrer un courant électrique sur le front afin de stimuler la partie avant de son cerveau, qui serait le siège de la résolution de problème, entre autres choses. Alors que certains se branchent littéralement des batteries 9 volts sur le front, d’autres se procurent des casques comme le foc.us.
Yannick Roy m’a confié avoir un casque du genre, mais ne pas l’avoir encore essayé, faute de temps pour lire davantage d’études sur le sujet. « Il y a un fondement scientifique à ça, mais le problème, c’est qu’on ne peut pas savoir par où le courant passe une fois dans le cerveau ; aussi, c’est possible que ça inhibe la région qu’on aurait voulu excité », explique doctorant en neuroscience, qui aimerait concevoir un casque tDCS qui adapterait son action au signal électrique du cerveau, grâce à des capteurs EEG. La fin de semaine prochaine, à l’ÉTS, un hackathon qu’il a aidé à mettre sur pied permettra d’ailleurs à quelque 150 participants d’expérimenter avec les interfaces cerveau-ordinateur.
Une fracture inévitable?
Bref, le futur entrevu par Yannick Roy semble pour bientôt, s’il ne nous a pas déjà rattrapés. Dans les faits, le risque de voir émerger deux catégories de professionnels, de chercheurs et d’étudiants ne dépend pas de technologies radicales. En effet, il semble que les transhumanistes n’auront pas besoin de recourir à la modification du génome au niveau de l’embryon (pour créer des enfants plus intelligents), à l’électroencéphalographie intracrânienne (qui permet une lecture beaucoup plus fine de l'activité électrique du cerveau) ou à l’amputation volontaire (pour remplacer un membre biologique par un membre bionique plus performant) pour commencer à distancier les autres.
Qui sait, peut-être aurez-vous un jour à travailler aux côtés de Yannick Roy… dans un cadre compétitif. Aussi, après avoir pris un café avec lui, j’ai eu du mal à me débarrasser du sentiment qu’il sera difficile de se dérober au futur entrevu par les transhumanistes, où ceux qui refusent d’embrasser des technologies de plus en plus intrusives pourraient être condamnés à regarder passer la parade. À moins, bien sûr, d’être Vincent Freeman (Ethan Hawke) dans Gattaca.