Un atterrissage en douceur en vue, que fait-on?

Publié le 21/05/2024 à 12:45

Un atterrissage en douceur en vue, que fait-on?

Publié le 21/05/2024 à 12:45

Les puristes estiment que la Réserve fédérale n’a réussi qu’un seul atterrissage en douceur au cours des 60 dernières années. (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Nous vous avons parlé dans des études précédentes des implications et conséquences du «hard landing», du «no landing»et du «takeoff» pour l’économie américaine. Aujourd’hui, c’est sur le «soft landing» que nous nous attardons (scénario que nous privilégions à 40%). Synthèse, analyse et conséquences.

 

Les faits

Le S&P 500, le Nasdaq Composite et le Dow Jones Industrial Average ont tous bondi mercredi dernier pour clôturer à des niveaux record, alimentés en partie par des données sur l’inflation et les ventes au détail qui ont renforcé les attentes selon lesquelles la Réserve fédérale pourrait réduire les taux d’intérêt dans un avenir assez proche.

Pour mémoire, l’inflation s’est quelque peu calmée en avril, l’indice des prix à la consommation ayant augmenté de 3,4% sur une base annuelle, soit un dixième de point de moins qu’en mars, selon les données du gouvernement publiées mercredi. Sur une base mensuelle, les prix ont augmenté de 0,3%, en baisse par rapport au rythme de 0,4% enregistré en mars.

Les prix du logement et de l’essence ont été les principaux moteurs de la hausse de l’indice, responsables d’environ 70% du résultat global.

Globalement, la baisse de l’inflation est un soulagement pour les analystes qui craignaient que des augmentations de prix plus importantes que prévu au cours des trois premiers mois de 2024 n’indiquent que l’inflation était en train de s’enraciner et qu’elle risquait de se rallumer.

Sur le papier, le rapport semble réconfortant et est cohérent avec l’idée d’un atterrissage en douceur. Le fameux atterrissage en douceur. La probabilité d’une baisse des taux en septembre selon l’indice CME FedWatch est passée d’environ 65% mercredi matin à plus de 75% après la publication du chiffre de l’inflation.

Bref, le scénario d’un atterrissage en douceur est théoriquement en place

 

 

Qu’est-ce que l’atterrissage en douceur?

Cela paraît assez infantile comme question, mais il est indispensable de revenir sur les fondamentaux de l’atterrissage en douceur pour en comprendre les implications futures.

Théoriquement les choses sont assez faciles. Lorsque la Réserve fédérale s’inquiète de l’inflation, elle augmente les taux d’intérêt pour ralentir le rythme de la croissance économique.

Si la Fed augmente fortement les taux d’intérêt, elle risque de provoquer une récession — connue sous le nom d’atterrissage brutal.

En revanche, si la Fed parvient à augmenter les taux d’intérêt juste assez pour ralentir l’économie et réduire l’inflation sans provoquer de récession, elle a réussi ce que l’on appelle un atterrissage en douceur.

 

 

Mais il n’existe pas de définition officielle de l’atterrissage en douceur. Le National Bureau of Economic Research (NBER), souvent considéré par les économistes comme l’arbitre quasi officiel de la datation des récessions, ne définit pas ce qu’est un atterrissage en douceur ou un atterrissage difficile.

De nombreux économistes considèrent qu’une récession légère accompagnée d’une faible augmentation du taux de chômage est un atterrissage en douceur — ce que le président de la Fed, Jay Powell, a décrit un jour comme un atterrissage “doux”.

 

Combien y a-t-il eu d’atterrissages en douceur par le passé?

La question n’est une nouvelle fois pas facile. En effet, comme on l’a vu au Point b, la définition de l’atterrissage en douceur n’est pas évidente.

L’ancien vice-président de la Fed, Alan Blinder, estime que si le PIB recule de moins de 1% ou si le NBER ne déclare pas de récession après au moins un an d’un cycle de hausse des taux de la Fed, il s’agit selon lui d’un atterrissage en douceur.

En examinant 11 périodes d’augmentation des taux de la Fed entre 1965 et 2019, il a dénombré cinq atterrissages en douceur, comme le montre le tableau ci-dessous.

 

 

Les puristes quant à eux, estiment que la Réserve fédérale n’a réussi qu’un seul atterrissage en douceur au cours des 60 dernières années, en 1994-1995. On peut cependant avancer que la banque centrale a un meilleur bilan que cela : tant que les critères d’atterrissage en douceur ne sont pas trop stricts et que la Fed essaie réellement de faire atterrir l’économie en douceur, elle y est parvenue à plusieurs reprises.

Toutefois, un atterrissage en douceur nécessite à la fois des compétences en matière de gestion de la politique monétaire et l’absence de chocs extérieurs défavorables.

C’est-à-dire qu’un atterrissage en douceur n’est pas aussi simple que cela.

 

 

À Suivre: un exemple d’un atterrissage en douceur

À propos de ce blogue

John Plassard a commencé sa carrière en 1998 chez Exane BNP Paribas en tant que co-responsable des actions. Il a ensuite pris la direction du courtier français Louis Capital Market à Genève. John Plassard est actuellement directeur chez Mirabaud Banque depuis 2012. Expert en macroéconomie avec plus de 25 ans d’expérience sur les marchés financiers, John Plassard est l’auteur du «Morning Insight» de Mirabaud et un contributeur reconnu des médias internationaux (CNBC, «Bloomberg», «Wall Street Journal», «Financial Times», etc.). Il anime chaque jour une émission économique sur la chaîne de télévision française BFM. Spécialiste de l’économie américaine, où il a passé de nombreuses années, il a publié plusieurs ouvrages.

John Plassard

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