Et si la grande gagnante des élections européennes était Giorgia Meloni? (Photo: Getty Images)
EXPERT INVITÉ. Les électeurs de 27 pays ont largement soutenu les centristes lors des élections au Parlement européen, mais les partis de la droite «dure» ont fait de sérieuses percées en France et en Allemagne. Cette élection «sanction» aura des conséquences sur le futur de la politique européenne. Les implications économiques pourraient aussi être importantes. Synthèse et analyse.
Les faits
Les résultats rendus publics dimanche en fin de journée ont montré que les groupes politiques centristes ont perdu quelques sièges, mais conservent une nette majorité de plus de 400 sièges dans l’assemblée qui en compte 720. Cependant, ce qui est à retenir c’est que l’extrême droite fait une nette percée et est de plus en plus à même d’être une force perturbatrice et de déstabiliser le courant dominant de l’Union européenne.
Le scrutin indique que les vents dominants sont devenus plus froids pour une partie de la politique européenne et souligne que l’élan de l’extrême droite au cours de la dernière décennie n’a pas encore atteint son sommet.
Les groupes du Parlement européen qui défendent un programme nationaliste et anti-immigration devraient désormais contrôler environ 130 sièges, un meilleur résultat que lors des dernières élections en 2019.
Les partis de droite gouvernent désormais seuls ou dans le cadre de coalitions dans sept des 27 pays de l’Union européenne. Impensable il y a peu.
Ils ont gagné du terrain sur tout le continent à mesure que les électeurs se concentraient davantage sur le nationalisme et l’identité, souvent liés à l’immigration et à certaines des politiques de guerre culturelle relatives aux questions de genre et de LGBTQ qui ont gagné du terrain aux États-Unis.
Les élections ont mis en lumière les faiblesses des gouvernements français et allemand, les principaux membres de l’Union européenne.
D’autres facteurs ont contribué à la montée de la droite, notamment la colère persistante à l’égard des politiques de l’ère Covid, ainsi que l’inflation qui s’est accrue à la suite de la pandémie et de la guerre en Ukraine, qui a poussé l’Europe à se détourner de l’énergie russe.
Enfin, rappelons que le séisme politique a aussi eu des contrecoups très forts sur d’autres pays, comme la Belgique par exemple. Le premier ministre Alexander De Croo a en effet démissionné après la défaite désastreuse de son parti aux élections législatives nationales et européennes de dimanche. Âgé de 48 ans, il a eu du mal à retenir ses larmes lorsqu’il a annoncé sa décision dimanche soir à Bruxelles.
En ce qui concerne le Parlement européen, le parti Open VLD de Alexander de Croo a également fait piètre figure, n’obtenant que 5,8% des voix. Le parti d’extrême droite Vlaams Belang et le parti nationaliste flamand N-VA étaient au coude à coude, avec respectivement 14,8% et 14,2% des voix.
Dans son discours de démission, Alexander De Croo a promis de permettre un «transfert correct» du pouvoir à son successeur, soulignant qu’il reste convaincu que la Belgique «a besoin d’un nouveau gouvernement doté des pleins pouvoirs et capable de s’acquitter de ses tâches». Bref, le choc est global.