L'heure est à l’expérience gestionnaire


Édition du 24 Mai 2023

L'heure est à l’expérience gestionnaire


Édition du 24 Mai 2023

L’expérience gestionnaire correspond au parcours d’un gestionnaire dès son entrée en poste jusqu’à la fin de son implication dans l’organisation. (Photo: 123RF)

EXPERTE INVITÉE. La santé mentale des gestionnaires en préoccupe plus d’un. Pendant la pandémie, plusieurs ont été laissé à eux-mêmes, sans ressources ni soutien. Petit à petit, leur situation s’est détériorée au point où certains quittent l’organisation et d’autres refusent les promotions. Nous faisons face un problème de relève. Il faut repenser la gestion à même nos entreprises. Cela commence par bâtir l’expérience gestionnaire.

L’entreprise doit être un terreau fertile pour les bons gestionnaires. Elle doit générer de bons leaders à même sa structure et son fonctionnement. C’est ma vision de l’expérience gestionnaire. Sans le vouloir, trop d’organisations freinent le développement de leurs cadres. Elles étouffent leur potentiel et laissent les mêmes erreurs se reproduire. J’arrive à un constat:la formation traditionnelle n’est plus le principal moyen pour rehausser leurs compétences et la maîtrise de la gestion. Il y a plus.

 

Qu’est-ce que l’expérience gestionnaire?

Pour vulgariser, l’expérience gestionnaire représente le parcours d’un gestionnaire dès son entrée en poste jusqu’à la fin de son implication dans l’organisation. Selon BonBoss, un ensemble de facteurs organisationnels et contextuels influent sur ladite expérience:les relations de travail, la nomenclature du poste, le soutien, l’environnement en sont des exemples. Plus une expérience gestionnaire sera satisfaisante, plus les leaders se développeront, maîtriseront leur poste et atteindront les objectifs. Ils seront bien et bons:les résultats se feront sentir à l’ensemble de l’organisation.

À l’inverse, lorsqu’une expérience gestionnaire est insatisfaisante, il est possible d’observer des signaux:un manager qui s’isole, une faible reconnaissance du gestionnaire, des conflits fréquents au sein de son équipe, une faible capacité à faire confiance à ses employés, une difficulté à atteindre les objectifs et une irritabilité sont des exemples de signaux indiquant qu’il faut rehausser la qualité de l’expérience gestionnaire.

 

Trois caractéristiques

C’est en bâtissant un outil de mesure de l’expérience gestionnaire que mon équipe et moi avons remarqué trois caractéristiques fondamentales d’une expérience saine:

1. Elle se doit d’être évolutive, c’est-à-dire qu’elle suit le gestionnaire tout au long de ses années dans l’organisation. Elle s’y adapte et lui offre le soutien dont il a besoin pour exceller. Par exemple, un nouveau manager n’aura pas les mêmes besoins et défis qu’un gestionnaire de plus de 20 ans d’expérience. Une entreprise peut donc bâtir un parcours gestionnaire personnalisé.

2. Elle est protectrice, c’est-à-dire qu’elle doit aider les gestionnaires à réduire le stress et à prévenir les risques de détresse. Une entreprise peut implanter des outils et des mesures pour veiller à leur santé mentale. Le soutien de la haute direction, un pouvoir décisionnel clair, un mentorat en sont des exemples. Selon l’Institut national de santé publique du Québec, les pratiques de gestion et le soutien du gestionnaire sont des facteurs de protection pour les employés. Lorsque j’anime une conférence sur le sujet, j’aime rappeler aux participants que le gestionnaire doit lui aussi être protégé pour mieux remplir son rôle. C’est l’un des principes phares de BonBoss.

3. L’expérience gestionnaire doit être aussi alignée aux autres expériences, comme l’expérience candidat, employé et client. Évidemment, les deux dernières ont occupé la majeure partie de nos efforts et de planification stratégique des dernières années. Pour relancer les activités, il fallait des clients et des employés. À mon avis, une entreprise gagne à investir dans l’ensemble de ces expériences, puisqu’elles s’amplifient les unes les autres. Par exemple, un gestionnaire qui est bien dans son poste offrira davantage une belle expérience à son équipe, qui à son tour parlera en bien de l’entreprise à des candidats potentiels. Ils seront plus nombreux à vouloir travailler dans l’organisation. L’embauche sera plus simple. Le gestionnaire aura ainsi plus de chances d’accueillir de nouveaux employés compétents. Il sera moins exposé à la pénurie de main-d’oeuvre et aux risques de surcharge ou d’heures supplémentaires.

Soigner son expérience gestionnaire a des répercussions positives sur tous les autres maillons de la chaîne, en plus de répondre aux défis de relève et de gestion. Finalement, une expérience gestionnaire saine rend meilleurs les managers qui, à leur tour, créent des équipes motivées, compétentes et performantes. C’est toute l’entreprise qui en bénéficie.

À propos de ce blogue

Jenny Ouellette, Adm.A. est la présidente et cofondatrice de BonBoss, une entreprise spécialisée dans les innovations en management, en culture et en stratégies de recrutement. Diplômée de l’École des relations industrielles de l’Université de Montréal, elle développe diverses innovations pour aider les entreprises à «prospérer humainement». L’approche M.O.R.EMC ,le Culture Book© et le recrutement expérientielMC en sont des exemples. Jenny Ouellette cumule les distinctions depuis 2018: prix Nueva 2018 de Femmes Alpha et prix Leadership 2019 du Business Community 360. Depuis la fondation de sa seconde entreprise BonBoss, Jenny Ouellette agit comme conférencière et formatrice. Elle y partage les saines pratiques des gestions qui caractérisent ceux communément appelés: les bons boss. En 2019 et 2020, elle siège à la Table de dotation et gestion intégrée des talents de l’Ordre des conseillers en ressources humaines et en relations industrielles agréés du Québec. Elle est aussi membre du CA du Centre d’hébergement multiservice de Mirabel: un organisme qui a pour mission d’aider à soulager la pauvreté auprès des jeunes adultes en situation d’itinérance.

Jenny Ouellette
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