Va pour le principe. Mais comment déterminer si, actuellement, les investisseurs paient réellement trop cher pour la croissance ?
Deux exercices sont proposés.
M. Glionna divise d'abord le S&P 500 en quintile. Il forme cinq groupes de 100 sociétés, et les répartit de la plus forte à la plus faible croissance des revenus.
Il traque ensuite la performance de chacun des groupes sur trois ans (voir le graphique dans la colonne de gauche). Le groupe des 100 sociétés qui affiche la croissance de revenus la plus élevée se négocie aujourd'hui à un multiple médian de 21,1 fois les bénéfices. Le multiple médian du S&P 500 est pendant ce temps à 17,5 fois. Comme le montre le graphique, l'écart entre les deux repères est plus important que dans les trois dernières années. Une indication que le prix payé par les investisseurs pour la croissance est maintenant élevé.
L'autre exercice délaisse le multiple cours/bénéfices pour s'attarder au multiple cours/revenus. Le même classement est utilisé. On y découvre que les 100 sociétés dont les revenus croissent le plus fortement se négocient à un multiple médian de 3,5 fois les ventes. À titre comparatif, les quintiles 2, 3 et 4 se négocient à 2,4, 2,2 et 2 fois les ventes, respectivement. L'écart de multiple entre le premier groupe et les autres est trop élevé, estime M. Glionna, et montre également que les investisseurs paient trop cher actuellement pour la croissance.
Quels sont les titres trop chers ?
Ils sont identifiés dans le tableau 1. Essentiellement, le stratège retient ceux qui ont un cours/bénéfice de plus de 21, parce que 21 est le multiple médian des 100 sociétés qui ont la plus forte croissance des revenus. Leur ratio cours/revenus doit aussi être supérieur à 3,7, parce que 3,7 est le multiple médian des 100 sociétés qui ont la croissance des revenus la plus élevée.
Faut-il suivre la recommandation ?
On ne le ferait pas pour l'ensemble des 32 titres recommandés. Les deux exercices ne nous convainquent pas à 100 %. D'abord, parce que l'horizon de trois ans du premier (graphique 1) est un peu court. Ensuite, parce que l'écart des multiples (toujours au graphique 1), bien qu'en ce moment plus important que d'ordinaire, n'est pas démesurément important. La liste qui accompagne cette chronique peut cependant donner quelques idées à explorer. On reviendra peut-être plus en détails sur quelques-uns de ces titres dans une prochaine chronique.
Sur le radar
Les sociétés dont les revenus sont en croissance rapide sont chères par rapport à l'indice S&P 500
Les titres de sociétés en croissance rapide sont négociés à une prime substantielle par rapport aux autres titres
3.5 X Croiss. des revenus supérieure à 7,8 %
2.4 X Croiss. des revenus de 3,3 à 7,8 %
2.2 X Croiss. des revenus de 0,1 à 3,3 %
2.0 X Croiss. des revenus de -4.5 à 0,1 %
1.4 X Chute des revenus supérieure à 4,5 %
Sources : Factset, Barclays Research