Où est l'inquiétude?
Dans la capacité de Cominar d'honorer son dividende étant donné son niveau d'endettement.
La majorité des analystes voient toujours Cominar comme étant capable d'honorer le dividende à partir des fonds provenant de son exploitation. Les prévisions 2015-16 font généralement voir des taux de distribution des bénéfices (payout ratio) qui varient entre 93 à 95%. C'est dire que le dividende représente entre 93 et 95% des liquidités qui restent à l'entreprise une fois ses dépenses de fonctionnement épongées (opération + investissements en capital nécessaires à la conservation). Il n'y a cependant pas unanimité. Canaccord, par exemple, voit le taux passer à 103% en 2016. Un niveau de dividende à payer plus élevé qu'il n'y a de bénéfices.
Le scénario amène évidemment à se demander combien de temps Cominar pourrait encore maintenir son dividende intégralement s'il survenait. Et, conséquemment, à s'interroger sur le niveau d'endettement.
Il est vrai qu'en matière immobilière, les banques sont généralement prêtes à avancer plus d'argent aux promoteurs qu'en d'autres secteurs en raison d'une meilleure prévisibilité des revenus. À 9,5 fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) anticipé par Banque Scotia pour 2015, le ratio dette/BAIIA est cependant élevé. À titre d'illustration, le secteur est en moyenne à 8,5 fois, et les données de la Scotia permettent de voir qu'entre 2006 et 2014, le ratio de Cominar s'est plutôt promené entre 5,2 et 8,5 fois.
Cominar a-t-elle la capacité de maintenir intégralement le dividende?
La société annonce qu'elle pourrait liquider pour jusqu'à 300 M$ d'immeubles qui ne sont pas centraux à ses activités, qui lui offrent des rendements plus faibles, et qui traînent peu de dette.
Elle entend utiliser le produit de ces ventes pour racheter des actions et rembourser de la dette. Les proportions n'ont pas été précisées.
Il est un peu étonnant de voir l'entreprise choisir de racheter des actions dans le contexte.
Certains y verront un geste de forte confiance dans l'avenir. D'autres une occasion de racheter un titre sous sa valeur intrinsèque et d'ainsi créer de la valeur. On n'est jamais très sûr de ces opérations car la valeur intrinsèque d'une société n'est pas facilement déterminable.
On remarquera plutôt, comme le fait Desjardins Marché des capitaux, que la Caisse de dépôt est peut-être sur le point de diminuer sa participation dans la société. Un programme de rachat allègerait la pression sur le titre et faciliterait l'abaissement de la position. La Caisse détient 13,1 millions d'unités ou environ 8% de Cominar. Une période de neuf mois d'embargo sur toute vente de la Caisse a récemment partiellement pris fin (50% de la participation peut désormais être vendue) et, à compter d'octobre, elle aura droit de tout vendre.
Oui, mais, dira-t-on, au final, faut-il acheter ou non Cominar, au prix actuel?
On a déjà vu situation plus serrée se dénouer positivement, et, à 8,5%, le rendement de dividende est vraiment attrayant. Mais peu osent s'avancer. Il y a une recommandation d'achat pour huit recommandations "conserver".
Ce n'est pas pour tout le monde.
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