Ce que semble voir monsieur Leitao
On a demandé à monsieur Leitao s'il était judicieux d'amener des baisses d'impôt dans le cadre budgétaire et s'il ne vaudrait pas mieux courir le plus rapidement possible vers l'atteinte de l'objectif de désendettement. D'autant que tous s'entendent pour dire qu'il est facile de contrôler la croissance des dépenses en santé sur papier, mais que, dans la réalité, la chose est loin d'être gagnée.
Deux choses semblent donner confiance au ministre des finances.
La prévision au cadre financier est pour une croissance du PIB du Québec de 2% en 2015. Il a cependant indiqué que cette prévision était conservatrice et que, compte tenu de la conjoncture américaine, il ne serait pas étonnant de voir le PIB être à 2,1-2,2%. Comme lorsque que l'on compose des intérêts, cette croissance supérieure de l'économie viendrait à la fois augmenter les surplus dans l'avenir, tout comme le dénominateur du PIB sur lequel on pose la dette.
Le second élément qui donne confiance au ministre repose sur un sentiment que le cycle économique en cours pourrait s'étirer sur plusieurs années encore. Il a fait référence à une conférence de Lawrence Summer, donnée lundi à Montréal, où le réputé économiste entrevoyait la possibilité d'une période de faible croissance qui s'étendrait sur une très longue période. Sans accréditer totalement la thèse, monsieur Leitao a dit y être sensible.
Une bonne approche?
Non.
Le ministre des finances aura peut-être raison sur le fond. La croissance pourrait être plus forte que prévu, sur une période plus longue, et l'objectif de dette être atteint tout en ayant baissé les impôts.
Lorsque l'on se targue d'agir avec conservatisme, on devrait cependant le faire jusqu'au bout. Pour parvenir au scénario en vue il faut actuellement gonfler les chiffres, à la fois sur le PIB et sur la durée du cycle économique, tout en prenant pour acquis que les ambitieuses compressions seront au rendez-vous.
On fait de la politique plutôt que de la gestion.
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