[Photo : Benjamin Nantel]
C'est chaque année notre journée la plus difficile de l'année.
On vous attend avec une brique de documents qui fait six pouces, nombre d'annonces officielles, nombre d'annonces qu'il vous faut vous-même trouver, et des tonnes de chiffres à digérer… Vous avez sept heures pour tout lire, et il vous faut rendre jugement.
Notre note sur le budget Bachand? 7 sur 10.
La grande déception: les dépenses
Le gouvernement ne parvient toujours pas à maîtriser ses coûts.
Officiellement il plaide qu'il a atteint ses objectifs et contrôle ses dépenses. Il visait en effet une récupération de 972 M$ sur deux ans et en a récupéré 1,317 G$.
Malheureusement, ce n'est pas tout à fait ce que l'on entend personnellement par "contrôler ses dépenses".
- En 2009-2010, le gouvernement a défoncé sa cible de dépenses par 810 M$.
- À la mise à jour économique de décembre (ce n'est pas très loin), il était prévu que l'on finirait l'exercice en défonçant de 356 M$. Résultat des courses: au 31 mars on aura défoncé de 758 M$.
- Pour 2011-2012, au terme de l'exercice qui commence le 1er avril, attachez bien votre tuque, on sera de 1,3 G $ au-delà de ce qui était prévu au budget de l'an dernier.
La faute à quoi?
Pour 2011-2012, à une réévaluation actuarielle des régimes de retraites et à plus de créances douteuses chez Revenu Québec. Pour l'année qui s'en vient, les mêmes facteurs, plus des coûts liés à l'équité salariale, une entente avec les responsables des services de garde et pour 279 M$ de dépenses diverses de l'actuel budget.
Attention, on n'est pas en train de dire que le gouvernement a perdu le contrôle. Les dépenses croissent moins vite qu'avant. Mais elles croissent plus vite que ce que l'on nous avait annoncé.
La fin du sauvetage par les revenus
Heureusement que les revenus étaient au rendez-vous l'an dernier et cette année. On a fait en 2010 un déficit de 1,1G$ inférieur à ce qui était prévu (4,3 G$). Et cette année, au 31 mars, il sera inférieur de 306 M$ (4,2 G$).
Malheureusement, toute bonne chose a une fin. Pour l'exercice qui s'en vient, la même recette n'apparaît pas devoir fonctionner. Les revenus ne sauveront pas les meubles et le déficit sera cette fois plus élevé que prévu de 900 M$ (3,8G$).
Au final on est en avance, mais on paresse un peu
Au final, lorsque l'on fait revenus moins dépenses sur la période de trois ans, nous sommes en avance de 500 M$ sur l'échéancier de l'atteinte de l'équilibre fiscal (2014).
Pas si mal, direz-vous.
Vrai. Il y a cependant ici une autre déception.
Québec annonçait qu'il identifierait pour 300 M$ de mesures pour réduire le déficit 2011-2012. Il ne le fait pas et repousse à l'an prochain l'annonce de ces mesures.
Peut-être est-on trop exigeant, mais même si on est en avance sur l'échéancier, pourquoi ne pas avoir amené ces mesures immédiatement ? On aurait poussé moins d'argent à la dette. C'aurait été faire preuve d'encore plus de rigueur. Et un peu moins donné l'impression que, comme le CH, on s'assoit sur notre avance…
Un mot sur la dette