L'autre grande question: qui reprendra l'exploitation?
L'autre grande question qui se pose avec la mise sous protection est: qui reprendra la ligne?
À court terme, ce sont MMA Canada et MMAR qui continueront l'exploitation des tronçons qui peuvent être opérés. On comprend que la société mère US, qui est plus rentable, financera le maintien de la société canadienne.
Il faudra cependant éventuellement que les créanciers décident à qui ils vendent les actifs sur lesquels ils ont des droits et décident ainsi de qui exploitera la ligne.
On ne peut se passer d'une desserte de chemin de fer dans la région de Lac-Mégantic. Et le Maine ne peut pas non plus. Le démantèlement de la ligne (vente à gauche et à droite des locomotives, du fer des rails, etc.) n'étant pas une option, quelqu'un devra obligatoirement racheter les actifs de l'entreprise à des fins d'exploitation (l'argent du rachat, servira à payer les créances).
Or, qui rachètera?
Ce qui est le plus intéressant du communiqué d'Edward Burkhardt, c'est que nulle part il ne fait allusion à son intention ou pas de faire une offre pour acquérir les actifs et recapitaliser la société. La situation donne l'impression qu'il prépare une offre. Les documents en notre possession laissent entendre que la rentabilité est chez la société mère US, mais qu'elle a obligatoirement besoin de la filiale canadienne pour conserver cette rentabilité (beaucoup d'expéditeurs sont aux USA, le marché au Canada). Sa mise sous protection aux États-Unis ne serait que pour faciliter la réorganisation canadienne et la mettre à l'abri de recours croisés.
Rien n'est cependant certain.
On ne connaît pas les capacités financières d'Edward Burkhardt (ni celles des sociétés périphériques comme Railworld). S'il en a, il ne sait pas trop encore dans quel environnement réglementaire et avec quels investissements il devra composer. Des municipalités demandent notamment des déviations de voie, la réglementation se resserre. Il est difficile de prévoir une rentabilité au plan d'affaires dans le contexte actuel et d'obtenir du financement.
Si lui ne vient pas, alors, qui viendra?
Dépendamment des exigences, on n'exclurait pas la possibilité de ne voir personne se présenter. Et de voir les gouvernements du Québec, du Canada, et peut-être du Maine, être forcés de racheter eux-mêmes la faillite. Pour ensuite trouver un opérateur, en lui promettant d'éponger son déficit. C'est en quelque sorte ce qui est arrivé, il y a quelques années, sur un tronçon du Maine.
Quel que soit le dénouement (retour de Burkhardt ou achat par les gouvernements), il risque d'être assez mal reçu par le public.
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