Pouliot - Mais combien coûtera donc le CSeries de Bombardier?

Publié le 01/10/2013 à 09:27, mis à jour le 01/10/2013 à 09:27

Pouliot - Mais combien coûtera donc le CSeries de Bombardier?

Publié le 01/10/2013 à 09:27, mis à jour le 01/10/2013 à 09:27

Temps de clarifier

Cette série de valses-hésitations de Bombardier devient vraiment embêtante.

Que voulait dire le responsable du programme lorsqu'il a indiqué que le coût de développement du programme pourrait coûter 3,9 G$ US? Difficile de croire qu'il ne s'agissait que d'une simple erreur de chiffres. On ne serait pas revenu nous voir en disant qu'il s'agissait de l'adoption des normes IFRS.

La situation donne l'impression que l'entreprise est actuellement engagée sur la voie d'un dépassement de coûts de 500 M$ US.

Il ne s'agit pas de dramatiser l'affaire. Ce dépassement de 500 M$ US, s'il se présente, sera réparti sur plusieurs appareils et plusieurs années. Ca ne devrait pas être très significatif sur le coût unitaire d'un appareil.

La situation n'est cependant pas de nature à donner confiance dans les chiffres de Bombardier et marque une autre illustration de l'acte de foi qu'il faudra faire lorsque l'entreprise rapportera les premiers bénéfices du CSeries. Car, acte de foi, il faudra faire.

La société refuse en effet également de dévoiler le nombre d'appareils sur lesquels ces 3,4 (ou 3,9) G$ de coûts de développement seront amortis.

Un chiffre pourtant fort important. Ça peut sembler technique, mais ne quittez pas.

Bombardier vise à obtenir une part de marché de 50% dans le créneau des avions 100-149 passagers, qu'elle évalue à 6 900 appareils dans les prochains 20 ans.

On ne sait pas quelle est l'hypothèse comptable, mais si elle est identique à celle de l'objectif, on voit tout de suite que le risque d'erreur quant au coût de chacun des appareils est passablement important. Supposons par exemple que, dans les premières années, Bombardier soit exactement sur son objectif de 50% de parts de marché. Mais que, cinq ans plus tard, avec l'arrivée des appareils améliorés d'Airbus et Boeing, elle tombe à 25%. Les bénéfices que l'on aura déclarés dans les cinq premières années risquent d'être supérieurs à la réalité, parce que l'on n'aura alors pas suffisamment amorti de coûts sur les premiers avions.

Bombardier ne veut pas divulguer son hypothèse comptable pour des motifs concurrentiels. On a de la difficulté à voir en quoi cela nuirait tant que cela à ses affaires.

À des fins de transparence, et de manière à dissiper plus de doute sur la force de ses bénéfices à venir, Bombardier devrait rapidement clarifier la situation sur les coûts de développement du CSeries (3,4 ou 3,9 G$ US?), de même que fournir au marché le nombre d'appareils sur lequel elle compte les amortir.

Pour l'instant, le flou nuit à la confiance.

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À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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