Si tout est ok, pourquoi un nouveau chantier?
Si tout est aujourd'hui si rassurant, pourquoi le Fonds de solidarité s'apprête-t-il à lancer un vaste chantier pour améliorer sa gouvernance, diront certains?
Cette annonce de Michel Arsenault est en effet surprenante.
La demande vient du comité exécutif, qui, lui, est composé en majorité d'indépendants. Quelques chose nous dit que le directeur général du Fonds, Yvon Bolduc, n'est pas loin de l'initiative. C'est lui, en 2009, qui s'était présenté au conseil alors que différentes allégations commençaient à sortir, et avait demandé une vaste révision des règles de gouvernance.
Monsieur Bolduc veut-il cette fois laver plus blanc que blanc?
Il y a toujours place à l'amélioration. Le député de la CAQ, Christian Dubé, qui est l'initiateur de la comparution de mardi, a, à juste titre, interrogé les dirigeants sur leur définition d'un membre "indépendant".
La réponse est venue mais pas aussi blanche qu'on l'aurait souhaité. C'est qu'on semble reprendre les définitions appliquées à d'autres organisations financières, comme les banques ou la Caisse de dépôt. Ainsi, trois ans après son départ de la FTQ ou du Fonds de solidarité, un ancien employé pourrait être considéré comme un membre indépendant.
On a souvent personnellement décrié la notion d'indépendance telle que définie par les comités d'éthique des grandes corporations et des autorités réglementaires. Le Fonds devrait de ce côté faire plus que les autres et vraiment s'assurer qu'un indépendant est un indépendant.
Cela dit, la volonté est nécessairement d'aller plus loin que le perfectible. On ne convoque pas un vaste chantier sur la gouvernance uniquement pour faire un peu de finition.
Le conseil d'administration ne compte que quatre membres indépendants sur 17. Et le président de la FTQ a historiquement été nommé président du Fonds de solidarité.
Il serait étonnant qu'il en soit toujours ainsi dans quelques mois. Le prochain président du Fonds de solidarité sera vraisemblablement un indépendant, et on en fera une obligation dans les statuts. Il serait aussi étonnant qu'un nombre aussi important de représentants des syndicats restent au conseil. Une question d'apparence, mais aussi une question d'amener plus de compétences diversifiées.
Surtout, alors que le gouvernement conservateur, qui n'aime guère les syndicats, demeure ferme sur son intention d'éliminer prochainement le crédit d'impôt de 15% aux fonds de travailleurs, le Fonds de solidarité a probablement réalisé qu'il serait bien avisé de faire entrer au conseil quelques gros noms de Québec inc ou Canada inc. afin de tenter d'infléchir la décision.
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