Blogue. La manchette était au haut du quotidien La Presse:«Hydro écarte SNC-Lavalin de ses grands chantiers». Quand un actionnaire s'est présenté au micro et a interrogé le nouveau patron du fleuron québécois sur la situation, Robert Card n'avait rien vu et n'était pas au courant.
Hydro-Québec a quelque peu gâché la première sortie publique du nouveau grand patron de SNC, jeudi matin, lors de l'assemblée annuelle de l'entreprise.
L'histoire est la suivante. Hydro a décidé de ne plus faire appel à la firme d'ingénieurs tant et aussi longtemps qu'elle travaillera sur Muskrat Falls, qui est en fait le projet du Bas Churchill de Terre-Neuve. Hydro avait avisé SNC et tous ses fournisseurs spécialisés avant que Churchill ne se mette en branle, parce que, dit-elle, il lui faut pouvoir compter sur les meilleures ressources disponibles pour ses projets. SNC a tout de même décidé d'aller sur Churchill, y voyant sans doute plus de retombées qu'avec Hydro.
La difficulté est que monsieur Card ignorait totalement de quoi il était question et a simplement répondu qu'il avait eu un bon contact avec monsieur Vandal et était très satisfait des échanges.
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Lors d'une autre question sur le sujet, le président sortant du conseil, Gwyn Morgan, est plus loin intervenu en indiquant qu'il s'agissait d'une vieille histoire.
Vieille pour le conseil peut-être, mais nouvelle pour tous les autres. Et toujours en cours, comme le confirmait jeudi Hydro.
L'anecdote est embarrassante sous au moins deux aspects.
L'un touche le plan de match.
Le Canada est l'un des marchés prioritaires de SNC dans son plan stratégique, et l'énergie verte une cible. Comment a-t-on pu oublier de mettre le numéro un au parfum de la situation?
L'autre aspect a trait aux racines québécoises de l'entreprise.
SNC avait l'an dernier indiqué que son futur chef de direction serait bilingue. Le conseil a finalement concédé sur le français pour obtenir les compétences de monsieur Card. Il a aussi concédé une nouvelle fois pour le numéro 2, Neil Bruce, qui est désormais basé à Londres.
On ne pouvait pas s'attendre jeudi à ce que, quelques mois après son entrée en fonction, monsieur Card maîtrise correctement le français. Mais qu'il n'ait pas été au courant de cette histoire, reprise par tous les médias québécois (personnellement ou au moins par briefing), n'envoie certainement pas un très fort signal sur l'importance qu'accorde l'entreprise à son milieu d'origine.
Il ne s'agit pas d'exagérer le fait, mais il y aurait lieu pour le conseil d'administration et monsieur Card de prendre bonne note et d'en tirer leçon.
On notera d'ailleurs au passage que 90% de l'assemblée annuelle s'est déroulée en anglais.
Heureusement tout n'a pas été noir. La liste des administrateurs approuvée par les actionnaires compte un Québécois de plus que l'an dernier. Viennent se joindre à Claude Mongeau du CN, Jacques Bougie (ancien patron d'Alcan), Lise Lachapelle (une ancienne du secteur forestier et de la Bourse de Montréal) et Alain Rhéaume (Trio Capital et ancien sous-ministre).
Le plan stratégique maintenant