BLOGUE. Que retenir du discours du trône à Ottawa? Voici nos impressions personnelles sur quelques unes des mesures contenues dans l'agenda politique du gouvernement Harper.
Élargissement des services bancaires de base sans frais
Cette mesure est la plus intrigante de toutes et, si on était banquier, il n'est pas certain que l'on serait rassuré.
Jusqu'où est prêt à aller le gouvernement sur cette question des tarifs bancaires. Ils constituent une bonne part de la rentabilité des institutions. Qu'est-ce qu'un service de base?
Sur les marchés, il ne serait pas étonnant de voir le secteur être sous pression dans les prochains jours.
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Une loi sur l'équilibre budgétaire
On savait déjà que l'on devait revenir à l'équilibre budgétaire en 2015, mais on ne savait pas que le gouvernement avait l'intention d'adopter une loi sur l'équilibre budgétaire.
Celle-ci existe déjà au Québec, mais il sera intéressant de voir comment sera fixé le calendrier précis de retour à l'équilibre budgétaire en cas de crise économique. Au Québec, la loi exige des remboursements sur un an ou cinq ans lorsque les cibles sont dépassées au-delà d'une certaine hauteur. Il n'y a cependant pas d'allusion spécifique à des situations de crise économique.
Une bonne mesure, qui contribuera à renforcer la discipline budgétaire et contiendra davantage les relâchements en approche d'élections.
La paperasse
Le gouvernement veut alléger le fardeau administratif des petites et moyennes entreprises. Il présentera une mesure législative pour enchâsser dans la loi la règle du "un pour un". Pour chaque nouveau règlement, un règlement doit être aboli.
Un peu loufoque celle-là. Si des règlements sont inutiles, qu'on les abolisse. S'ils sont conservés, c'est qu'ils ont une certaine utilité. Il ne faudrait pas non plus s'empêcher de réglementer des situations parce que la nouvelle réglementation créerait un trou ailleurs.
Les forfaits sur mesure en télé
Le discours dit que les familles canadiennes "devraient pouvoir choisir les forfaits de chaînes sur mesure qu'elles souhaitent obtenir". Il ajoute que l'on exigera que les chaînes soient dissociées dans les forfaits tout en protégeant les emplois.
Si l'on comprend bien, on forcera les câblos à continuer d'offrir des canaux obligatoires, et on leur permettra de construire des forfaits où les usagers pourront choisir les canaux qu'ils souhaitent.
Ça semble déjà ressembler à ça au Québec (service de base plus ajout de 10, 15, 20… chaînes à votre choix). L'analyste Dvai Ghose, de Canaccord Genuity, notait d'ailleurs il y a deux jours que, depuis le milieu des années 2000, Vidéotron offrait déjà de tels forfaits à la carte et que Bell s'était ajusté à la formule.
Apparemment, ce n'est pas le cas au Canada anglais cependant, où il fallait obligatoirement adhérer à des chaînes prédéterminées.
Il y aura probablement quelques modifications nécessaires au Québec, mais on n'est pas sûr que le consommateur québécois obtienne beaucoup plus avec la nouvelle politique. C'est le Canada anglais qui semble davantage visé.
Pendant ce temps, les câblos doivent être soulagés qu'Ottawa n'ait pas décidé de s'attaquer au tarif de la large bande Internet. Dans la plupart des marchés nous sommes dans une situation de duopole (un câblo contre un telco), et les tarifs de l'Internet sont parmi les plus élevés au monde. Dans une étude de septembre 2012, l'OCDE classe le Canada au sixième rang des pays les plus chers (non loin des 48$ US par mois, alors que la moyenne mondiale est plutôt autour de 35$ US). Dans l'Internet, la concurrence est encore moins grande que dans le sans-fil. Et pourtant, on n'y fait aucun boucan.
Fini les frais supplémentaires pour un relevé papier