La suggestion de monsieur Parizeau
Pendant ce temps, l'ancien premier ministre du Québec suggère, lui, de créer une société d'état spécialisée de l'industrie minière pour prendre des participations dans différentes sociétés minières. Les capitaux alimentant cette société proviendraient d'Investissement Québec, de la Caisse de dépôt et d'appels à l'épargne.
Le rendement obtenu sur ces investissements pourrait contrebalancer les "cadeaux" que l'on fait aux minières en port de mer, infrastructures routières et infrastructures électriques. Et notre participation nous permettrait de mieux comprendre ce qui se passe et de surveiller le jeu.
L'ancien premier ministre semble notamment redouter que le gouvernement n'investisse trop dans le développement de nouveaux barrages au profit des minières dans les prochaines années et ne leur revende l'électricité à plus faible prix qu'elle ne coûte à produire. Ce n'est pas nécessairement ce qu'on a compris de l'annonce du Plan nord. On y prévoit 47 G$ d'investissements en électricité dans les 25 prochaines années, mais il se pourrait que ce soit plutôt à des fins d'autarcie et pour se prémunir contre la fin de l'entente avec Churchill Falls dans 30 ans. L'inquiétude de monsieur Parizeau n'en est cependant pas moins fondée.
Sur le fond, sa suggestion ressemble à celle de François Legault et Charles Sirois, qui proposent de créer un fonds spécial d'investissement de 5 G$ dans les ressources naturelles, avec un apport de capitaux publics et privés.
Ce peut être une bonne idée. Ce qui agace, c'est que beaucoup d'intervenants semblent convaincus que le monde a changé et que le secteur minier est à jamais entré dans une ère de prospérité. La Chine, le Brésil et l'Inde soutiendront la demande pour les années à venir, disent-ils.
Le problème est que "soutenir la demande", ne veut pas nécessairement dire "soutenir de hauts prix". Si la planète se met à être aussi optimisme que les intervenants rencontrés lors du colloque, l'offre explosera dans quelques années, et les prix risquent de retomber significativement.
Ce qui voudrait dire des pertes potentiellement importantes pour la super société de monsieur Parizeau ou le fonds Sirois-Legault..
En conclusion
Il sera intéressant de voir la réaction de Québec aux propositions Allaire et Parizeau. Les deux méritent d'être soupesées, mais ont besoin d'être bien réfléchies.
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