Qui perd?
Évidemment Walmart qui devrait maintenant faire face au Canada à un détaillant avec un meilleur éventail de produits et beaucoup plus de pouvoir d'achat que Zellers. Target c'est presque 1800 établissements aux États-Unis.
Dans notre esprit, celui qui pourrait perdre le plus est cependant Sears Canada, dont les ventes ont reculé de 8,2% au dernier trimestre et qui donne l'impression d'avoir perdu toute initiative stratégique. Côté vêtements notamment, Target travaille avec des grands couturiers comme Jean-Paul Gauthier pour offrir des produits signés, à des prix qui collent cependant à son crédo ("cheap is chic"). Il faudra prochainement un important coup de barre chez Sears Canada, avec une stratégie qui ne focalise plus uniquement sur le "cost cutting" et pas mal de réinvestissements si l'on veut éviter que la descente ne se poursuive.
Si on était Simons on se sentirait aussi quelque peu interpelé aujourd'hui. Target pourrait en effet venir gruger dans la strate la plus économe de sa clientèle. Au même moment, la transaction menace aussi davantage la strate plus haute-gamme de cette clientèle. Hudson Bay se retrouve en effet maintenant sans canard boiteux. Elle pourra focaliser sur son actif phare: La Baie. Elle envisage d'ailleurs de revenir en bourse, ce qui forcera l'élaboration d'un plan d'action plutôt que le maintien du statu quo.
À plus long terme, Metro, Loblaw et IGA pourraient aussi ne pas aimer le développement. Aux États-Unis, Target est en train de développer PFresh dans 350 de ses établissements (20% de son réseau). Le programme ajoute des items périssables comme de la viande et de la boulangerie à son offre d'épicerie. Si Target draine plus d'achalandage dans ses établissements que Zellers ne le faisait, il risque d'y avoir un peu de volume en moins chez les épiciers. Et l'on n'a pas encore parlé, de par l'échelle du détaillant, du risque de concurrence accrue sur les prix.