Les options?
Québec est bien conscient de la situation.
Le ministre Bachand semble laisser la porte ouverte à une bonification du RRQ, qui puisse bénéficier à l'ensemble des travailleurs.
Ce serait cependant surprenant. Du moins en substance. Québec et Ottawa semblent plutôt vouloir instaurer à la place un régime complémentaire de retraite qui ciblerait les salariés qui n'ont pas déjà de régime de retraite.
Officiellement, il s'agit pour l'instant de ne pas retrancher de rémunération à des salariés et à une économie qui ont présentement besoin de tout leur petit change. Officieusement on suspecte que Québec n'a pas les moyens d'accorder, même pour le long terme, des déductions fiscales supplémentaires pour l'ensemble des travailleurs du Québec. Ni de cotiser plus amplement au RRQ de la fonction publique. Les seuls REER comptent à eux seuls 1,5 G$ par année en déductions fiscales et un autre 1,5G$ en non-imposition des revenus qu'ils génèrent.
En ne ciblant que la cohorte des travailleurs plus défavorisés, on réduit considérablement la dépense.
Que faire?
Nous sommes en accord avec l'approche Bachand-Flaherty. Le rôle de l'État n'est pas d'assurer une retraite dorée à l'ensemble des Québécois. Seulement de voir à ne pas en laisser une trop forte cohorte dans l'indigence. Une question de valeur sociale, mais aussi une question financière. Si 40% de la population active actuelle se retrouve demain dans la pauvreté, les finances publiques subiront dans le futur le contrecoup économique de notre inaction d'aujourd'hui.
Il serait cependant surprenant que le nouveau régime complémentaire qu'ont en vue MM. Flaherty et Bachand soient un grand succès. Si le niveau d'épargne est si peu élevé dans la population active, c'est que bien peu cotisent à leur REER, même s'ils en ont l'option.
Pour éviter que ces travailleurs se retrouvent dans une situation d'indigence extrême, il faudrait sans doute forcer les entreprises qui n'ont pas de régime complémentaire de retraite à en implanter un. Pas nécessairement les forcer à y contribuer, mais les forcer à l'implanter. C’est ce que semblent avoir à l’esprit MM Flaherty et Bachand. Il reste à voir si les adhérents en verront les bénéfices et choisiront d’y rester.
Pour les autres, ceux qui ont déjà la chance d'avoir un régime complémentaire privé, il vaudrait mieux augmenter les contributions à ses REER et à son compte épargne. Même s'il s'agit de renoncer à quelques plaisirs aujourd'hui. Les finances de la province auront beaucoup de difficulté à soutenir le choc démographique. Il vaut mieux prévoir. Comme disait Lafontaine:"La cigale ayant chanté tout l'été, se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue."