Faut-il suivre l'AQIP dans son raisonnement?
Pas si sûr. Démonstration n'est pas si fortement faîte que les prix et marges plus élevés dans les autres villes et provinces sont le résultat d'une plus faible présence d'indépendants.
On serait plutôt porté à penser que d'autres facteurs sont en action, comme par exemple, le coût de la vie dans certaines régions canadiennes.
Depuis longtemps des doutes planent aussi sur la capacité des indépendants à vraiment faire descendre les prix. À titre d'exemple, l'AQIP estime que le "break even" des stations service de Montréal est à 4,9 cents et celles de Québec à 6,9 cents. Or, la marge bénéficiaire moyenne des 52 dernières semaines de ces régions a été de 4,4 cents et 5,7 cents (selon la méthodologie même de l'AQIP). On voit mal quel est l'intérêt des indépendants à tirer les prix à la baisse alors qu'ils sont déficitaires et ont généralement déjà une rentabilité plus faible que les grands.
La seule justification militant en faveur du maintien d'un prix plancher apparaît donc une motivation préventive pour l'avenir : celle d'éviter de potentielles Vancouver ou Toronto.
On l'a vu, c'est un motif dont la force reste très incertaine. Dans les souliers de l'AQIP on donnerait un coup de fil aux Couche-Tard de Saint-Basile pour qu'ils accotent à tout le moins la méchante intégrée. Des situations du genre font vraiment mal paraître et pourraient amener un gouvernement à revoir les privilèges accordés.