Faut-il encore protéger les indépendants de Québec et Montréal?
S'ils ne jouent pas leur rôle, c'est-à-dire agir en concurrentes, à quoi bon continuer à garantir un prix plancher aux indépendants de Montréal et Québec?
On a posé la question à l'AQIP et à sa présidente Sonia Marcotte.
Il faut d'abord noter que l'organisme n'arrive pas aux mêmes résultats que le CAA dans ses calculs et estime que les marges de l'industrie sont inférieures aux chiffres du club automobile. Toute chose étant égale, la nuance n'est dans un premier temps pas si pertinente: peu importe la méthodologie l'essence est de toute façon moins chère au Saguenay qu'à Montréal.
L'AQIP ajoute toutefois qu'il se livre actuellement des guerres de prix intenses dans certaines régions du Québec qui font qu'aucune des stations service qui y opère n'est rentable. C'est le cas notamment au Saguenay/Lac-Saint-Jean et dans la région de Drummondville. On ne peut donc reprocher à ses membres, dit-elle, d'avoir des prix trop élevés à Québec et Montréal. C'est plutôt ailleurs qu'ils sont trop bas.
Voici en outre d'autres chiffres intéressants, qu'elle cite et qui sont susceptibles d'aider sa cause.
Une étude de MJ Ervin soutient que c'est au Québec que la marge bénéficiaire des détaillants d'essence est la plus faible au pays. Ainsi, en 2010, elle était de 5,3 cents à Montréal, alors qu'elle était à 7 cents à Toronto et à 8,2 cents à Vancouver.
En excluant les taxes, c'est aussi au Québec que l'on paie l'essence le moins cher. En 2010, le prix moyen au Québec a été de 66,6 cents, alors qu'il s'est élevé à 70,8 cents dans l'Ouest, 68,5 cents en Ontario et 68,8 cents dans l'Atlantique.
Aux yeux de l'Association, les écarts favorables au Québec s'expliquent par la présence des indépendants. D'importantes guerres de prix sont survenues il y a quelques années à Vancouver et Toronto, qui ont fait disparaitre nombre d'indépendants. Ces villes récoltent aujourd'hui le fruit de ces disparitions et de la factice concurrence des pétrolières intégrées.
Toujours selon l'organisme, outre qu'elle ferait probablement augmenter les prix à long terme à l'étape de la distribution, la disparition des indépendants au Québec les ferait aussi peut-être augmenter à l'étape du raffinage. Le Québec compte en effet sur un important importateur d'essence, ce qui peut à tout le moins garantir que les pétrolières ne gonfleront pas le prix à la rampe au-dessus du prix du marché.
Faut-il suivre l'AQIP dans son raisonnement?