Les moins bonnes nouvelles
Officiellement il y a une troisième bonne nouvelle, mais on préfère la classer dans les mauvaises.
Malgré un recul assez appréciable des prévisions de croissance économique (elles étaient à 2% pour 2011 et 2,2% pour 2012, elles tombent à 1,6% pour chaque année), les cibles de déficit ne sont pas modifiées. On prévoit en outre toujours un retour à l'équilibre budgétaire en 2013-14. Un tour de force en apparence, d'autant que l'on introduit des réserves pour éventualité qui étaient absentes.
Il y a néanmoins un hic. Pour 2012-2013 Québec reçoit pour 733 M$ à titre de compensation pour l'harmonisation de la TPS et de la TVQ. Pour 2013-14, c'est 1,467 G$. Ce ne sont pas réellement des revenus récurrents et on ne devrait pas en tenir compte. Si ce n'était de ces revenus extraordinaires, le déficit serait plus grand l'an prochain et on ne serait toujours pas en équilibre budgétaire en 2013-14. Affirmer qu'on y sera à ce moment est tiré par les cheveux. C'est refuser de voir au-delà du maquillage de la comptabilité.
Autre nouvelle décevante, monsieur Bachand repousse à 2014-15 l'identification du 1 G$ qui devait initialement être récupéré (par compression ou hausse des revenus) d'ici 2013-14. Vrai, plusieurs estiment qu'il ne faut pas que les gouvernements qui en ont les moyens restreignent trop fortement leurs dépenses pour ne pas créer une récession, qui serait encore plus néfaste à leurs états financiers. C'est le motif invoqué pour repousser l'identification du milliard à cette date.
On n'est toutefois pas de cette école et l'on préférerait que les dépenses du gouvernement soient resserrées plus rapidement. Toutes ces questions de stimulation artificielle ne font que repousser la reprise.
Croisons les doigts
Au final, la question la plus préoccupante de cette mise à jour n'est pas de nature administrative, mais économique: que fera le PIB dans les prochains mois?
Le recul de la prévision de croissance de 2,2% à 1,6% en 2012 devrait faire entrer quelque chose comme 350 M$ de moins dans les coffres du gouvernement.
Imaginons maintenant que l'on ne soit pas à 1,6%, mais plutôt non loin de zéro à ce moment. Et que l'économie, plutôt que d'avancer, recule l'exercice suivant.
C'est une forte ponction à anticiper qui va fort probablement bien au-delà du résultat donné par une simple règle de trois. Quand l'économie recule de façon prolongée, les bénéfices des sociétés fondent comme neige au soleil et leur impôt est nettement inférieur. Tout comme les revenus globaux des particuliers.
Croisons les doigts.