Pourquoi il est souhaitable que la performance diminue
La plus intéressante portion de la conférence de la Caisse a porté sur son plan de match pour les prochaines années. Rien de neuf, mais des précisions et des éclaircissements.
"Qualité, qualité, qualité", attendez-vous à entendre le dicton régulièrement dans l'avenir. La Caisse veut investir dans des sociétés solides, qui ne livreront pas nécessairement de rendements explosifs à court terme, mais de bons rendements à long terme.
Elle veut aussi accentuer ses investissements en infrastructure et en immobilier.
Difficulté: tout commence à être assez bien évalué. Et l'on s'approche en fait de la porte d'entrée de la surévaluation.
Il suffit de voir la progression de certains indices. Le S&P 500 a avancé de plus de 44% sur deux ans et est maintenant à 18 fois les bénéfices.
Dans l'un de ses communiqués, la Caisse fait en outre remarquer que, dans les infrastructures, 75% du rendement de son indice comparatif est attribuable à la simple hausse des multiples, pas à une amélioration de rentabilité. Il est bien de vouloir augmenter son exposition aux infrastructures, mais il ne semble pas trop se trouver d'aubaines là non plus. À moins bien entendu d'être promoteur et de partir un projet à zéro (comme on veut le faire à Montréal avec le pont Champlain et le train de l'Ouest), mais, là, se trouvent des risques d'exécution importants et il faut avancer avec prudence.
La situation est la même dans le secteur immobilier où les taux d'intérêt ne peuvent plus tellement baisser et faire monter les valeurs.
On a beau investir dans de la qualité, les multiples des sociétés de qualité enflent également. Et parfois plus que les autres, justement parce qu'elles sont de qualité.
Il ne s'agit pas de dire que le plan de match n'est pas bon. Plutôt l'inverse. Il est excellent. Sur une très longue durée, il est intelligent d'investir dans des actifs de très grande qualité. Ils traversent les décennies et amènent une pérennité de rendement que la majorité des sociétés ne seront pas capables de produire.
Mais ces actifs de qualité sont aussi souvent payés à bon prix et il est assuré que leur valeur ne résisterait pas plus que les autres à une chute de marché occasionnée par une surévaluation.
C'est dans la tourmente que les directions tombent, et, en même temps qu'elles, les plans de match. Même s'ils sont les meilleurs à long terme.
C'est pour cela que l'on souhaite que la performance future de la Caisse et des marchés diminue. Des croissances annuelles de 12% risqueraient de nous amener des joies bien éphémères et de détruire une bonne stratégie.
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