La société en commandite peut-elle créer de la valeur?
Les choses étant néanmoins ce qu'elles sont: la société en commandite peut-elle créer de la valeur, de manière à enrichir les actionnaires et le contribuable?
On a été surpris d'apprendre que les flux de trésorerie (cash flows) ne seraient pas à l'équilibre avant 2020. Et que Bombardier devrait remettre 1 G$ en cours de route pour permettre au programme d'arriver à cet équilibre.
L'horizon d'équilibre des cash flows est nettement plus lointain que ce qui était envisagé dans la plupart des scénarios des analystes. C'est long.
Cela ne veut pas dire qu'il faudra cinq ans avant que l'entité ne prenne de la valeur. Une méthode d'évaluation, particulièrement utilisée dans le secteur de la biotechnologie, consiste à évaluer les cash flows futurs que pourrait générer un investissement et à les actualiser pour déterminer combien vaut aujourd'hui cet investissement.
C'est vraisemblablement vers ce modèle d'évaluation que l'on convergera.
En théorie, si le projet fonctionne, la future injection de capital de Bombardier dans la société en commandite viendra diluer l'intérêt de Québec, mais devrait se faire à un prix plus élevé qui viendra plus que contrebalancer sa diminution de participation.
Il faudra cependant trois choses pour que la valeur de la société en commandite ne commence à se refléter dans le cours de l'action de Bombardier.
1-Du temps.
2-Que Bombardier soit un peu plus précise sur son plan de match. Pour l'instant, on sait qu'elle démarre avec 15-20 appareils produits pour la première année et vise à augmenter la cadence à 100-120 dans le temps. On ne sait pas sur quel horizon elle vise cette production, ni à combien elle devient cash flows positive, ni quelles sont les marges espérées. Plus de précisions pourraient venir prochainement à la rencontre des investisseurs.
3-Il faudra surtout que le marché soit présent. Bombardier évaluait initialement le marché du 100-150 passagers autour de 7000 appareils sur 20 ans. Elle visait une part de marché de 50% (3000-3500 appareils). De discussions avec Québec et la direction, il semble que le marché en vue aujourd'hui soit davantage autour de 5000 à 6000 appareils.
Cette évaluation est à mettre en parallèle avec une autre, de RBC Marchés des capitaux, qui s'appliquait récemment à recenser le nombre d'appareils 100-150 passagers vendus dans les 15 dernières années. La maison projetait ensuite le résultat moyen obtenu par année sur 20 ans. Nombre total de ventes espérées: 3000.
C'est la moitié moins. Il n'est pas impossible que le marché grimpe face à l'arrivée d'un appareil plus performant. Il faudra cependant vraiment que les sociétés aériennes soient charmées par le CSeries.
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