Le gestionnaire de portefeuille et responsable des actions asiatiques chez Burgundy, Craig Pho, a vécu le séisme de Kobe en 1995. Il se trouvait aussi au sous-sol de son hôtel à Tokyo lorsque le violent séisme a frappé, le 11 mars dernier.
« Il n’y a absolument rien à faire lorsque la terre tremble, à part se placer dans une embrasure ou sous un bureau et de prier que l’immeuble tienne. L’angoisse est pire à chaque réplique », confie-t-il.
Il n’y a aucun doute dans son esprit que les efforts de reconstruction seront plus coûteux et laborieux qu’après le séisme de Kobe, de 1995. Les radiations nucléaires ajouteront au climat de pessimisme local.
Ces deux catastrophes n’ont pas ébranlé sa confiance dans la capacité des Japonais de se relever de ces drames, tant leur cohésion et leur discipline sont remarquables.
« Pour l’économie mondiale, l’impact sera relativement modeste tellement l’économie japonaise a perdu de sa vitalité, après vingt ans de déflation. En 1995, l’indice Topix ne négociait 1500. Il vaut moins de 900 points aujourd’hui », explique le gestionnaire de portefeuilles.
Tout dépendra de la confiance des Japonais et de leur capacité à unir leurs forces politiques pour rebâtir. Cette nouvelle crise est un test pour le gouvernement, dit M. Pho, qui a vécu presque trois ans au Japon, dans les années 1990.
« L’incertitude est un cocktail amer pour la Bourse, mais peut devenir l’ami des investisseurs à long terme », ajoute M. Pho.
Au pire de la chute de la Bourse japonaise, soit une perte de 14 % en cours de séance, le 15 mars, M. Pho a ajouté prudemment à ses placements existants dans les titres japonais, qui constituent 80 % de son fonds asiatique.
« Nous connaissons bien les 25 à 30 entreprises en portefeuille. Leur bilan solide et leur qualité d’exploitation nous donnent la confiance d’acheter quand les autres vendent », dit-il.
Par exemple, M. Pho a vendu des actions du groupe cosmétique Shiseido pour acheter des actions additionnelles de Misumi Group, un distributeur par correspondance de pièces de précision, de moules de plastique, et de fournitures pour les bureaux, les hôpitaux, les restaurants et les fabricants de semi-conducteurs et des actions de Shimano, un fabricant de pièces pour bicyclettes, planches à neige, et d’articles pour la pratique de la pêche et du golf.
« Nous préférons miser sur la nouvelle génération d’entrepreneurs, qui ont des pratiques pro actionnaires contrairement aux grands conglomérats les plus connus », indique M. Pho.
Le gestionnaire déniche parfois ses entreprises « atypiques » en examinant les conseils d’administration. Un petit nombre d’administrateurs ou des femmes au conseil attirent notamment son attention.