Différencier les entrepreneurs des anges investisseurs
Selon moi, l’émission donne une fausse image à la fois de l’entrepreneur et de l’investisseur.
L’investissement en capital risque n’est vraiment pas un jeu. Contrairement à l’impression donnée par l’émission, celle-ci exige un engagement et une attention considérables souvent incompatibles avec la gestion active d'une entreprise en croissance. Il est quasi impossible d’être à la fois investisseur dans de nombreuses jeunes pousses en même temps qu’être à la tête opérationnelle d’une entreprise en forte croissance qui requiert votre attention et énergie.
La seule manière de conjuguer les deux rôles est de joindre une organisation comme Anges Quebec qui s'occuperait d’une bonne partie du travail pour vous. Bon, vous me direz que justement, les dragons n’en ont pas besoin, sachant que près de 90% des ententes n’arriveront jamais. Toutefois, c’est aussi ça le problème: l’émission donne l’impression que l’investissement est basé sur un sentiment et oublie de dire que ce n’est «qu’un spectacle».
Le chapeau d’investisseur est très différent de celui de l’entrepreneur exploitant, mais que plusieurs ex-entrepreneurs portent avec brio, tel que Frederic Bastien qui, pour donner suite à la vente de son entreprise Mnubo, a fondé d’Amiral Ventures (en plus d’être président du conseil d’Anges Quebec) ou de Chris Arsenault, associé chez Inovia, un des plus importants fonds de capital de risque.
Incorporer plus de réalisme dans l'émission
Ma conviction reste ferme: Dans l'oeil du dragon a un rôle crucial à jouer. Elle peut continuer à donner une opportunité incroyable aux jeunes entreprises en quête de visibilité tout en valorisant l'esprit entrepreneurial. Néanmoins, il est impératif de dépasser la simple mise en scène spectaculaire de l'entrepreneuriat pour embrasser une représentation plus authentique et nuancée.
Le tout débute par une distribution d’entrepreneurs chevronnés ayant eu des sorties réussies et mettant une grande partie de leur énergie à accompagner d’autres entrepreneurs. Évidemment, il faut s’assurer que les dragons aient une réputation irréprochable et une situation financière très enviable. Également, on devrait informer les téléspectateurs du processus «post-offre» et de comment fonctionne réellement le financement d’une entreprise. Vous me direz que cela n’est pas très sexy, mais je pense que ça peut l’être si c’est bien fait.
Enfin, il est vital de montrer toutes les facettes de l’entrepreneuriat, y compris les échecs et les défis. Beaucoup d’entreprises passées par Dans l'oeil du dragon ont connu des difficultés voire la faillite. En parler ouvertement contribuerait à une représentation plus honnête et saine de l’entrepreneuriat renforçant ainsi la sensibilisation à la santé mentale et évitant de donner l’illusion que le chemin entrepreneurial est toujours linéaire et sans embûche.
Et vous, que pensez-vous des dragons?
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