D’abord, peu importe les règles de plus en plus musclées de régie d’entreprise (au point qu’elles sont anti-productives, mais c’est une autre histoire), la réalité quotidienne, c’est que bien des conseils d’administration ont toute la misère du monde actuellement à vraiment défendre les intérêts des actionnaires minoritaires.
La tendance est encore à pencher lourdement du côté de leurs «petits amis» corporatifs, peu importe le sort des autres actionnaires.
Donc, lorsque je lis qu’on veut demander à ces administrateurs de tenir compte en plus des intérêts des retraités, des fournisseurs, et de la «communauté d’accueil», je me dis qu’on patauge dans la fiction. Concrètement, cela ne veut rien dire. Ce qui laisse toute la marge de manoeuvre possible et impossible aux conseils d’administration de faire ce qu’ils veulent (ce qui va se résumer le plus souvent à protéger leurs intérêts personnels).
Aussi, donner le pouvoir aux administrateurs de ne pas transmettre une offre jugée inadéquate ouvre la porte au crime en plein jour contre les droits des actionnaires minoritaires. Imaginez le conseil grassement rémunéré d’une société qui ne va nulle part depuis plusieurs années qui reçoit une telle offre...la tentation sera si grande de la considérer inadéquate peu importe sa teneur uniquement pour ne pas perdre son poste !
La réalité c’est que le gouvernement s’attaque à un faux problème. Il tente de protéger, non des fleurons, mais des sociétés en déclin. Les véritables fleurons n’ont pas besoin de la protection de l’État!
En fait, le vrai et urgent problème, c’est que nous avons de moins en moins au Québec d’entreprises de grande qualité à forte croissance gérées par de grands entrepreneurs. Ça, c’est TRÈS inquiétant, mais personne n’en parle.
Bernard Mooney