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BLOGUE. Le panorama pétrolier est en pleine métamorphose. Pratiquement toute ma vie durant, j’ai entendu que la planète était menacée par notre grande dépendance face au pétrole en provenance des terres moins amicales. Or, c’est en train de changer sous nos yeux.
En effet, en 2012, les États-Unis ont accru leur production pétrolière plus que pendant n’importe quelle année dans leur histoire, qui remonte en 1859 (deux ans avant la guerre civile). Et cela devrait se poursuivre cette année. La production quotidienne moyenne a été de 6,4 millions de barils l’an dernier. C’est 779 000 barils de plus qu’en 2011, hausse record et le plus haut niveau de production en 15 ans, selon l’American Petroleum Institute (API).
Si on se fie au ministère américain de l’Énergie, l’année amorcée devrait être encore plus florissante. La U.S. Energy Information Administration prédit une augmentation de la production moyenne quotidienne de 900 000 barils en 2013.
Ce renversement dramatique dans la production américaine s’explique en grande partie par les percées technologiques, plus précisément celles liées aux techniques de «fracking» (fracturation hydraulique). Elles ont permis d’accéder à de grandes quantités de gaz naturel et aussi de pétrole brut.
Les États-Unis ont été parmi les premiers pays à utiliser de façon dynamique cette technologie et cela paraît. Les importations pétrolières de ce pays ont ainsi reculé de 6,9% en 2012 à un creux pas vu en 15 ans. Si vous ajoutez le fait que la demande de pétrole en sol américain a encore une fois reculé, atteignant un creux pas vu en 16 ans, vous avez une bonne idée de ce qui se trame dans le milieu pétrolier.
Malgré la reprise économique, la croissance de la demande reste anémique alors que le fracking risque de faire exploser l’offre. En effet, si le focus est sur les États-Unis, il ne faut pas oublier que bien d’autres pays ont accès à d’importants gisements de gaz et de pétrole, utilisant la fracturation hydraulique (dont la Chine, la Russie et Israel).
Ce qui risque d’augmenter considérablement l’offre pétrolière dans les prochaines années. Si la croissance de la demande ne s’accentue pas, les prix du pétrole risquent de craquer.
Bernard Mooney
P.S. Au Québec, on lève le nez sur la fracturation hydraulique. Quoi de plus normal lorsqu’on est une province aussi riche ! BM