Méfiez-vous des rendements élevés

Publié le 17/07/2012 à 09:18, mis à jour le 17/07/2012 à 09:18

Méfiez-vous des rendements élevés

Publié le 17/07/2012 à 09:18, mis à jour le 17/07/2012 à 09:18

BLOGUE. Il y a quelque temps, j’ai écrit à propos des fonds à capital fermé («closed-end»), en particulier le Boulder Total Return Fund (blogue du 19 juin : «Acheter Berkshire à escompte»). Or, il semble que certains de ces fonds ont des pratiques décevantes, pour attirer les investisseurs.

L’excellent chroniqueur Jason Zweig, du Wall Street Journal, raconte ce week-end que bien des investisseurs sont attirés par les rendements élevés affichés par les trois fonds à capital fermé gérés par Cornerstone Advisors. Par exemple, la distribution du Cornerstone Progressive Return, selon les informations publiées par Morningstar, représente un rendement de 20,2% en date de lundi.

Avant d’aller plus loin, je vous présente cette pause-réflexion-bon sens :

Dans un univers où le rendement des obligations gouvernementales américaines de 10 ans est d’à peine 1,5% (1,46% pour être exact) où on vous donnera un peu plus de 2% pour un CPG de cinq ans, un rendement de 20% devrait allumer une petite lumière rouge écarlate!

Semble-t-il que non car ce fonds se vend à prime par rapport à la valeur nette de son actif, soit de 7% actuellement et de 22% en moyenne depuis six mois. C’est tout à fait incroyable quand on sait que Cornerstone réussit à afficher ce rendement seulement en redistribuant le capital des actionnaires!

Selon M. Zweig, en 2008 et 2009, 93% des distributions totales de ce fonds ont été un retour de capital.

Il est évident qu’un fonds qui distribue son capital ne peut continuer ce petit jeu très longtemps. Son actif, avec le temps, disparaîtra. Encore là, les dirigeants de Cornerstone ont une solution : ils font des émissions. En 2011, ils sont allés chercher 41M$US par le biais d’une émission de droits et un autre 49M$US le mois passé de la même façon.

Les détenteurs paient des frais annuels de 2,5% pour subir ce petit jeu. En fait, le seul gagnant est le gestionnaire.

Il n’y a aucune fraude dans les pratiques de Cornerstone, car tout est divulgué. La société s’en tire parce que les épargnants sont si affamés de rendement, qu’ils achètent dès qu’ils voient un rendement affiché alléchant. Ils ne se demandent pas d’où vient ce rendement.

Lorsque le fonds distribue 20% de son capital par année, la valeur de ce fonds baisse d’autant. Il n’y a pas de rendement réel. L’épargnant reçoit bien un chèque, mais lorsqu’il regarde en Bourse, où se transige son fonds, il s’apercevra que sa valeur a baissé d’autant, ou presque.

En passant, il n’y a pas qu’aux États-Unis que les épargnants tombent dans ce piège. J’ai vu certains produits d’institutions financières qui gonflent leur rendement en redistribuant du capital.

Méfiez-vous des rendements élevés. Si c’est trop beau pour être vrai....

Bernard Mooney

 

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