Pour développer les régions, il faut du capital tolérant

Publié le 17/04/2010 à 00:00

Pour développer les régions, il faut du capital tolérant

Publié le 17/04/2010 à 00:00

"Ce n'est pas l'argent qui manque, ce sont les bons projets. "

Si vous vous intéressez aux affaires, je parie que vous avez déjà entendu cette remarque. Il est vrai qu'avec le Fonds de solidarité FTQ, Capital régional et coopératif Desjardins, la Banque de développement du Canada (BDC), le retour dans l'action de la Caisse de dépôt et placement, les Fonds d'intervention économique régional (FIER) et tout le bataclan, le Québec est apparemment bien pourvu en fonds d'investissement.

Sauf si vous dirigez une entreprise qui en est à ses débuts ou qui aborde une phase critique de sa croissance, ou si vous êtes en train de prendre le relais d'un propriétaire qui part à la retraite... Dans ces cas, rien n'est plus difficile que de trouver les liquidités nécessaires.

" En fait, les différents financiers se battent sur les meilleurs dossiers, ceux qui présentent peu de risques ", dit Olivier Goyet, directeur du Centre local de développement (CLD) de Joliette. " Ce qui manque, c'est du capital de développement, du capital qui sait être tolérant ", ajoute-t-il.

M. Goyet participait, au début d'avril, à l'une des tables rondes organisées par Les Affaires dans le cadre de la Tournée du Québec, une série de portraits régionaux que nous publions depuis plus d'un mois. Cette année, la Tournée du Québec a pour thème la relève - tant la relève entrepreneuriale que celle de la main-d'oeuvre. Mais lors de ces tables rondes, les discussions portent aussi sur d'autres enjeux importants, dont la question du financement, qui revient régulièrement.

" Que voulez-vous, le Fonds de solidarité, tout comme Desjardins, gère l'argent des épargnants. Leur capacité de courir des risques est limitée ", dit Yvon Cormier, directeur général de Laurentides Économique, présent à la table ronde du début d'avril. Laurentides Économique est issu du regroupement des huit CLD des Laurentides, et couvre un territoire immense qui va de Saint-Eustache à Mont-Laurier. Globalement, il s'agit d'une région prospère. Mais là aussi, le capital de développement fait défaut.

Tout le monde le reconnaît : Québec devait faire le ménage dans ses organismes de financement parapublics, ce qui a mené, entre autres, à l'élimination des sociétés Innovatech. Mais il en a résulté un vide qui tarde à être comblé. Sur le terrain, on souligne que la formule du FIER est loin de tout régler. L'investisseur qui injecte du capital dans un FIER ne le fait pas par charité : il espère obtenir rapidement un bon rendement de sa mise de fonds. " C'est normal, ce n'est pas du capital du développement. Or, c'est ce qui fait défaut ", dit Olivier Goyet.

D'autant plus, ajoute-t-il, que les économies régionales reposent moins sur la haute technologie que celles des centres urbains; les coups de circuit sont donc plus rares. Pendant les belles années de la bulle techno, on pouvait miser sur 10 entreprises de haute technologie en sachant que la réussite d'une seule d'entre elles compenserait pour l'échec des autres. Le rendement attendu était élevé. Il l'est encore en haute technologie; moins pour les secteurs traditionnels. Résultat ? Les financiers sont plus circonspects. Les entrepreneurs qui se lancent dans les affaires doivent frapper à de nombreuses portes.

Il en est une qui s'ouvre plus facilement : celle des CLD eux-mêmes, qui administrent les Fonds locaux d'investissement (FLI). Ils peuvent donner un coup de pouce, mais les enveloppes ne sont pas grosses. " Nous ne pouvons pas vraiment participer dans un projet au-delà de 100 000 $ ", dit M. Goyet. En tout, son FLI gère 1,2 million de dollars. " Et même si nous non plus, nous ne voulons pas perdre d'argent, notre analyse est fondée sur des critères différents : le potentiel du secteur, le nombre d'emplois créés, l'effet sur l'économie régionale. " Avec la capacité d'attendre et de ne pas souffler dans le cou des entrepreneurs. La solution ? " Si seulement on nous accordait plus de capital... "

Son collègue de Laurentides Économique, Yvon Cormier, va plus loin. Il plaide pour la création d'un fonds régional, mieux pourvu, qui considérerait les projets soumis sans égard au secteur d'activité. " Il ne serait pas nécessaire de créer une autre structure; il suffirait qu'on s'adjoigne les services d'un analyste sénior. " Il entend d'ailleurs proposer ce modèle lors du prochain congrès de l'Association des centres locaux de développement, qui aura lieu à la fin de mai à Mont-Tremblant.

Encourager la relève ? Sûrement. Une tape dans le dos, c'est bien, des fonds de développement, c'est mieux.

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