Le lustre de l'or semble pâlir

Publié le 13/04/2013 à 00:00, mis à jour le 11/04/2013 à 09:04

Le lustre de l'or semble pâlir

Publié le 13/04/2013 à 00:00, mis à jour le 11/04/2013 à 09:04

Ce fut une avancée glorieuse. De 2002 à aujourd'hui, le prix de l'once d'or a grimpé de près de 500 %. À 1 800 $ US à l'automne, le voilà cependant en repli à 1 550 $ US. Recul pour mieux sauter, ou amorce d'une descente plus importante encore ?

Avant de trancher, voyons d'abord l'argumentaire des pessimistes et des optimistes.

Les pessimistes

Les économistes Avery Shenfeld et Emmanuella Enenajor, de Marchés mondiaux CIBC, sont sans doute ceux qui résument le mieux la perspective négative à l'égard du prix de l'or.

Leur argumentaire va ainsi.

Historiquement, l'or a progressé lorsque des inquiétudes se présentaient quant au pouvoir d'achat de la devise américaine. Soit lors d'épisodes d'inflation, soit lors d'épisodes de dévaluation.

La probabilité semble actuellement assez faible que l'inflation se pointe d'ici au moins deux ans. Il n'y a aucune crainte de manque de capacité de production aux États-Unis, en Europe et au Japon, ni pression sur les salaires.

Il y a certes eu des craintes inflationnistes ces derniers mois, quand plusieurs banques centrales se sont mises à intervenir pour soutenir leurs économies. Entre autres, la Fed achète massivement sur le marché des obligations et se trouve à injecter de l'argent. Qui dit plus d'argent dans le système dit risque d'inflation. Mais «risque d'inflation» ne veut pas pour autant dire «inflation». Les banques doivent être davantage capitalisées, elles sont plus prudentes, et la demande de prêts a faibli. Bref, il n'y a pas encore de signaux que les assouplissements quantitatifs créeront une forte inflation. Lorsque celle-ci ressurgira, les banques centrales pourront en outre intervenir avec d'autres outils pour la juguler.

Pendant ce temps, un recul du dollar américain semble lui aussi improbable. Il a beaucoup fait marche arrière ces dernières années, mais seulement en raison de la forte surévaluation qu'il avait atteinte au début des années 2000. Il est vrai que le déficit de la balance commerciale est toujours important, à 480 G$ US ou 3 % du PIB. La majeure partie de ce déficit n'est toutefois désormais attribuable qu'à l'importation de produits pétroliers.

En résumé, rien pour maintenir l'once d'or au-dessus des 1 500 $ US.

Les optimistes

Stephen Harris, de GMP Securities, illustre bien de son côté la position des optimistes. Sa cible est à 2 000 $ US l'once pour la fin de l'année.

L'argumentaire est le suivant.

Lors de la crise de Chypre, le prix a rebondi de 50 $ US (de 1 550 $ US à 1 600 $ US). Or, les troubles mondiaux et les inquiétudes quant aux devises ne sont pas terminés. Dans l'après-crise chypriote, le taux des obligations 8 ans de la Slovénie a grimpé à près de 7 %. La perception que le pire de la crise européenne est derrière pourrait bientôt changer. La Slovénie pourrait en outre n'être qu'un apéritif, avec l'Espagne, l'Italie et peut-être même la France, comme plats principaux.

Les taux d'intérêt américains réels à court terme devraient aussi demeurer négatifs dans un avenir prévisible. Or, le prix du métal précieux a grimpé annuellement de 20 % dans un tel contexte.

L'écart de production (la capacité moins la demande) est toujours de - 6,2 %, un point de mieux seulement que lors de la récession, ce qui veut dire que les bas taux d'intérêt et les opérations d'assouplissement quantitatif sont en place pour bien plus longtemps qu'on ne le croit.

Le Japon veut pendant ce temps augmenter son inflation à 2 %, et Mark Carney pourrait autoriser la Banque d'Angleterre à donner plus d'élan à ses programmes d'assouplissement.

Sans compter que les banques centrales des pays émergents continuent d'acheter de l'or.

Notre point de vue

Plus pessimiste qu'optimiste.

Il ne semble pas se profiler à l'horizon un fort signal d'achat pour l'or. L'élan haussier est passé ces dernières années. Sans nouveau signal, il est difficile de voir comment il peut se poursuivre. On est également assez préoccupé par la valeur des fonds négociés en Bourse. Ils détiennent maintenant autant d'or à eux seuls que le Fonds monétaire international (FMI).

Si jamais le FMI devait vendre de l'or, il le ferait de façon ordonnée. Mais les investisseurs institutionnels et individuels ne le feront pas ainsi. Dans l'éventualité où une reprise haussière tarderait trop, on pourrait bien voir des sorties importantes venir mettre de la pression supplémentaire.

Le prix de l'or ne devrait pas s'effondrer, mais il pourrait encore reculer. Même si les titres aurifères sont à un creux de quelques années, on éviterait le secteur.

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