À quoi ressemblera Bombardier dans cinq ans ?

Publié le 19/05/2012 à 00:00

À quoi ressemblera Bombardier dans cinq ans ?

Publié le 19/05/2012 à 00:00

«C'est donc avec optimisme et confiance que nous poursuivons nos investissements pour accroître notre compétitivité et être une entreprise fort différente d'ici cinq ans...»

Ainsi parlait Pierre Beaudoin, le grand patron de Bombardier, lors de l'assemblée annuelle de l'entreprise, il y a quelques jours.

La déclaration nous a fait nous demander à quoi pourrait effectivement ressembler l'entreprise dans cinq ans. Et quelle valeur elle pourrait afficher.

Le potentiel de la CSeries

Tentons d'abord de voir l'impact financier potentiel du principal projet : la CSeries.

Le nouvel appareil commercial sur lequel travaille Bombardier doit venir compléter son offre d'avions. Les Q400 et les CRJ visent le marché des dessertes régionales, la CSeries viendra attaquer le marché du 100-149 passagers sur des distances plus étendues.

> Quel est le bénéfice actuel (2011) avant intérêts, impôts et amortissements (BAIIA) de la division aéronautique ? Réponse : 697 M$.

> Quel est le BAIIA actuel de la division Transport ? Réponse : 838 M$.

Total : 1,525 G $.

> Quel pourrait être le BAIIA généré par la CSeries ? La maison Canaccord Genuity estime qu'en 2017, elle pourrait rapporter 872 M$.

Du seul effet de la CSeries, la rentabilité pourrait donc grimper de près de 60 % d'ici cinq ans. Pas mal. Évidemment, il ne suffit pas que le BAIIA grimpe. Il est préférable de voir ce qui reste une fois l'amortissement passé et les intérêts payés. Le calcul ne ressort pas du travail de Canaccord.

Mais Marchés mondiaux CIBC s'y est en partie récemment attardée. Quelques jours avant d'interrompre le suivi, elle concluait que les nouveaux appareils pourraient, en période de pointe, générer de 0,45 $ à 0,50 $ par action et créer de 3,50 $ à 4 $ de valeur supplémentaire pour l'action de Bombardier.

En combinant les deux aperçus, il ne semble pas déraisonnable de croire que, vers 2017, la CSeries pourrait bien ajouter environ 3 $ à la valeur du titre.

Pas le seul levier

Pierre Beaudoin ne faisait pas uniquement référence à la CSeries dans sa vision de la société sur cinq ans.

L'entreprise travaille sur d'autres prototypes. Dans les avions d'affaires, elle veut aussi amener sur le marché, en 2013, son Learjet 85.

Dans la division Transport, le grand patron André Navarri a récemment fait allusion à quelques innovations qu'il croit porteuses pour le futur : un nouveau train à deux étages, le REGIO 2N, qui est en exploitation en France ; et le monorail INNOVIA 300, en service au Brésil.

En tenant compte des avenues de développement et de la croissance naturelle du marché, Canaccord postule que le BAIIA total pourrait atteindre 3,6 G$ en 2017 et le bénéfice par action, 1,17 $. C'est plus du double de la rentabilité actuelle. Le titre pourrait alors assez aisément s'approcher des 12 $.

FAUT-IL MISER TOUT DE SUITE SUR BOMBARDIER ?

Prudence. Quelques questions s'imposent.

1- La CSeries volera-t-elle rapidement ?

À la fin des années 2000, Boeing se croyait en affaires avec les 380 commandes qu'elle avait obtenues pour le Dreamliner.

Quelque temps avant son premier vol d'essai, l'entreprise réalisa qu'il y avait un problème de design avec son appareil et qu'en plus elle avait signé ses 380 ventes à un prix trop faible. Elle dût retourner à la planche à dessin pour abaisser ses coûts.

Bombardier doit fabriquer cinq avions d'essais CSeries. On ne sait trop combien coûteront ces appareils, mais CIBC estime que leur coût cumulé devrait avoisiner 450 à 500 M$. S'ils fonctionnent, ou ne demandent que de légers correctifs, ils seront vendus aux clients. S'il y a un problème majeur, il est aussi possible que l'on ne puisse les vendre. Il y a un risque d'alourdissement de la dette qui, à près de 8 G$ (en incluant tout, déficit actuariel des régimes de retraite compris), est déjà élevée (4,5 fois le BAIIA).

2- Le marché est-il aussi porteur qu'on le dit ?

Bombardier postule qu'elle accaparera 50 % du marché et construira 7 000 appareils de la CSeries sur 20 ans.

Ce n'est pas impossible. Pierre Beaudoin estime que les coûts d'exploitation des appareils seront de 12 % inférieurs à ceux des avions remotorisés d'Airbus et de Boeing. Encore faut-il que la performance prévue sur papier soit celle qui se matérialise.

Les évaluations de Canaccord tablent de façon un peu plus modérée sur 6 000 appareils. Il n'y a encore ici aucune garantie.

QUE FAIRE ?

Le pari est intéressant. Et on a personnellement assez grande confiance dans la direction et les employés de Bombardier. Cependant, on ne mettrait certainement pas la maison sur le titre.

DANS LE DÉTAIL

Sur le radar

Le titre sur cinq ans

BOMBARDIER (BBD.B ; 3,80 $)

Recommandation des analystes

Achat 7

Surperformance 9

Conserver 5

Sous-performe 1

Vendre 0

Cible moyenne : 5,80 $

Données de marché

Symbole: BBD.B

Prix actuel: 3,80 $

Fourchette 52 sem.: 3,31 $ - 7,27 $

Dividende: 0,10 $

Valeur boursière: 6,9 G$

Prévisions de bénéfices par action¹

ANNÉE / 2012 / 2013

31 déc. / 0,46 $ / 0,55 $

T1 / 0,10 $ / 0,11 $

T2 / 0,11 $ / 0,12 $

T3 / 0,12 $ / 0,13 $

T4 / 0,14 $ / 0,14 $

Cible des analystes

Moyenne: 5,80 $

Plus élevée 7,25 $

Plus basse 4,25 $

¹ Comprend les participations dans les infrastructures.

Sources : Bloomberg, Thomson Reuters

francois.pouliot@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/francois-pouliot

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