Tenir, parce que la peur nourrit la peur

Publié le 27/08/2011 à 00:00

Tenir, parce que la peur nourrit la peur

Publié le 27/08/2011 à 00:00

Récession ? Dépression ? Fin du monde ?

Vous avez le choix. Chaque jour amène son cortège de mauvaises nouvelles et d'analyses déprimantes, comme si la Terre allait bientôt arrêter de tourner. Dans ces circonstances, il n'est pas étonnant que les gens aient le visage de plus en plus long.

On se calme. L'économie mondiale est victime d'un sévère ralentissement, les finances publiques sont sous pression aux États-Unis et en Europe, et les bouleversements politiques ajoutent à l'incertitude. Mais dans les faits, la vie continue. Les profits des entreprises, par exemple, demeurent solides. Pas besoin, donc, de fuir vers les abris et de stocker les boîtes de thon et de petits pois.

Personne ne niera que le paysage économique s'est considérablement assombri depuis le début de l'été. Le psychodrame de la dette américaine va probablement se prolonger tout au long de cette année électorale, et ce n'est qu'un des facteurs qui pèseront lourd sur les marchés boursiers. Il faut l'admettre : les risques de volatilité récurrente demeurent élevés. La vie n'est pas et ne sera pas un long fleuve tranquille.

Attention à l'effet d'entraînement

Mais nous n'en sommes plus aux années 1930. La mondialisation de l'économie a multiplié les piliers qui la soutiennent. La Chine et l'Inde ont fait irruption dans le club des puissances internationales et leur appétit pour nos ressources ne se dément pas. C'est ce qui a permis au Canada de traverser sans trop se faire écorcher la récession de 2008-2009 et, pour l'instant, rien ne laisse croire à un scénario différent cette fois-ci.

C'est vrai que le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a tendance à porter des lunettes roses quand il entrevoit le retour à un "environnement de croissance positive", comme il l'a déclaré le 19 août devant le Comité des finances. Mais on peut le remercier de ne pas sombrer publiquement dans le pessimisme ambiant. La peur se nourrit de la peur, et lorsque l'exemple vient d'en haut, l'effet d'entraînement est encore plus fort.

De toute façon, notre emprise sur le cours des événements est bien limitée. Qu'on s'énerve ou non ne change pas grand-chose. Oui, l'investisseur a le devoir de surveiller ses placements et de prendre les décisions qui le concernent. Dans ce cas-ci, les secousses ont le potentiel de faire véritablement mal. Les rêves de retraite dorée vont inévitablement souffrir d'une chute des Bourses. À moins d'être un magnat de la finance, nos interventions individuelles ne modifieront pas l'allure des marchés. C'est encore plus vrai concernant la vie de tous les jours.

Alors... regardez autour de vous, "attachez bien vos tuques" et laissez souffler le vent. Ce n'est ni la première ni la dernière crise qui nous aura frappés - pour autant que le malaise actuel se transforme effectivement en crise. Les manchettes en provenance d'ailleurs peuvent être désolantes, surtout lorsqu'elles mettent en scène des populations entières dont l'existence est en train de basculer. Sauf que la distance a de l'importance. Là-bas, c'est là-bas. Pour une fois, le vieil adage ne tient plus : l'herbe n'est pas plus verte dans le pré du voisin.

Le clientélisme des conservateurs

Une chance que M. Flaherty dit tenir à sa rigueur fiscale, parce que quelques décisions récentes du gouvernement conservateur laissent entrevoir la montée d'une des tendances les plus désagréables en politique : le clientélisme (qui finit par coûter cher).

Pourquoi, croyez-vous, ce retour aux appellations "royales" au sujet de deux blocs des forces armées canadiennes, l'aviation et la marine ? Par nostalgie ? Par conviction ? Ou par désir de flatter les sentiments royalistes d'une partie importante de l'électorat conservateur dans les zones rurales de l'Ontario et des provinces de l'Atlantique ? Qui se rappelleront pour quel candidat voter la prochaine fois, of course.

C'est la même chose quant à cette garantie de prêt à Terre-Neuve-et-Labrador, qui permettra le lancement du mégaprojet hydroélectrique sur le cours inférieur du Churchill. Il y a des sièges en jeu dans l'Atlantique, et le gouvernement Harper doit miser sur d'éventuels remerciements pour faveur obtenue...

En passant, nous avons quelques ponts à rafistoler, au Québec, sans parler des routes et des viaducs. C'est vrai que les électeurs d'ici n'ont pas "voté du bon bord", mais les conservateurs pourraient décider d'imiter la stratégie des entreprises de télécoms, qui sont souvent plus accommodantes envers les nouveaux clients qu'à l'égard des anciens...

DE MON BLOGUE

Des emplois perdus

Caisse de dépôt, Kruger et Memphis : indéfendable

Au moment même où on pourrait célébrer un nouvel épisode dans son redressement, la Caisse s'enfarge, et enfarge en même temps l'économie québécoise, en donnant un coup de pouce à Memphis qui s'apprête encore une fois à ravir des emplois au Québec.

Vos réactions

"Je ne comprends pas pourquoi nous sommes contre un investissement qui rapportera à une société canadienne qui paie des impôts, et la Caisse fera des bénéfices, alors que les produits de papier que Kruger fabrique sont destinés au marché américain."

- YBertrand

"Mais, d'impôts il n'y en aura pas, car c'est bien connu : les sociétés ne paient pas d'impôts au Québec. Je trouve cocasse que le ministère du Revenu soit à l'affût de capitaux "off-shore" pour quelques dollars, alors qu'il tourne le dos à des milliards d'impôts qu'il accepte de perdre, sous prétexte que ça crée des emplois."

- Max

"Le problème, avec cette intervention de la CDPQ, ce n'est pas qu'elle prête à une société canadienne qui a un projet de croissance à l'international, mais bien que Kruger hésitait à déployer son projet au Québec (Joliette) ou à Memphis. Par conséquent, l'intervention de la Caisse cautionne indirectement le site de Memphis."

- OGoyet

rene.vezina@transcontinental.ca

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

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