Les compteurs intelligents, eux, savent compter

Publié le 10/09/2011 à 00:00

Les compteurs intelligents, eux, savent compter

Publié le 10/09/2011 à 00:00

Mauvaise campagne, mauvaise cible et, probablement, mauvais résultats.

Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) vient de lancer une importante offensive publicitaire contre Hydro-Québec, en lui reprochant d'être sur le point de gaspiller un milliard de dollars avec l'installation prévue de compteurs dits "intelligents".

Vrai ou faux ? Ce qui est absolument certain, c'est que le SCFP, lui, gaspille allégrement dans l'opération deux millions de dollars de cotisations puisées dans les poches de ses membres syndiqués.

Le syndicat n'y va pas de main morte, et la charge est aussi intense que brouillonne.

Au premier chef, le message est loin d'être clair, d'autant plus que ce projet n'a pas fait les manchettes. Il est pratiquement inconnu du grand public qui a bien d'autres chats à fouetter. Ce qui n'empêche pas la centrale de marteler son discours.

Voici : elle dénonce le plan d'Hydro-Québec, sous prétexte qu'il est inutile et qu'il va faire perdre au bas mot un millier d'emplois. Évidemment, si tout devient automatisé, il ne sera plus nécessaire d'aller effectuer périodiquement la lecture des compteurs existants, et les employés chargés de ce travail risquent d'être mis à pied.

On peut comprendre l'idée de stimuler les troupes, mais dans les faits, la plupart des gens qui entendent ou voient cette campagne se diront : "Ce sont des syndiqués qui essaient de sauver leur job." Et ils hausseront les épaules, sans plus, en se rappelant que ce n'est pas la première fois.

Vous rappelez-vous quand les guichets automatiques ont fait leur apparition ? On évoquait les pires malheurs. Le métier de caissière allait disparaître, tandis que les consommateurs allaient se faire littéralement voler par des machines mal conçues.

Et les standardistes de Bell, qui manipulaient adroitement toutes ces fiches pour acheminer les appels à la bonne destination ? Dans leur cas, ce fut pire. Des milliers d'entre elles se sont retrouvées en disponibilité avec l'avènement des commutateurs automatiques.

Y avons-nous perdu au change ? Non. C'est la rançon du progrès. Lorsqu'il se concrétise, après avoir fait ses preuves, il permet une meilleure productivité. Les garçons d'ascenseur sont devenus inutiles dès qu'il a été facile d'appuyer sur le bon bouton...

D'autres objections accompagnent le déploiement de ces fameux compteurs, et certaines sont encore plus farfelues. En France, par exemple, un blogue du journal Le Monde rapporte que la Commission nationale de l'informatique et des libertés s'inquiète du fait que le distributeur peut ainsi "déduire les habitudes et comportements des abonnés, comme leur horaire de réveil, le moment où ils prennent une douche ou bien quand ils utilisent certains appareils (four, bouilloire, toaster...)." Big Brother, sors de ta tanière ! Pour punir un mauvais consommateur, va-t-on en profiter pour lui couper l'électricité au moment où il s'apprête à se rincer les cheveux ?

La maladroite campagne en cours aurait quand même pu mettre le doigt sur un malaise plus sérieux : le fait qu'Hydro-Québec ait confié la plus grosse partie de cet important contrat à une firme suisse, Landis+Gyr, en passant outre aux fournisseurs québécois, notamment les firmes Trilliant, de Granby, et Varitron, de Longueuil. Leur technologie était-elle à ce point non concurrentielle ? En tout cas, pour une société qui se vante de ses avancées dans le domaine de l'électricité, le Québec rate encore une belle occasion d'encourager le développement d'équipements de pointe.

Mais pour le SCFP, qu'il soit suisse ou québécois, un compteur intelligent demeure une nuisance, et on espère pouvoir faire changer d'avis Hydro-Québec lorsque la décision finale sera prise cet automne.

Rien n'est moins sûr. L'an dernier, une autre centrale syndicale s'est également lancée dans une dénonciation populaire et a fait chou blanc. Rappelez-vous les mises en garde alarmistes du Syndicat de la fonction publique du Québec sur la transformation du ministère du Revenu en Agence du revenu. C'était ni plus ni moins, paraît-il, un complot pour que le "privé" s'empare de renseignements confidentiels et vienne trafiquer tout le régime fiscal. Un an plus tard, on attend encore le premier scandale, à part celui-ci : les syndiqués ont casqué pour une autre grosse campagne coûteuse qui n'aura finalement servi à rien.

Mais la leçon n'a pas porté, et ce nouveau combat d'arrière-garde ne fera encore une fois qu'engouffrer des millions de dollars de cotisations syndicales. Vivement un compteur intelligent au SCFP !

rene.vezina@transcontinental.ca

www.lesaffaires.com/rene-vezina

DE MON BLOGUE

Caisse de dépôt et Kruger

La Caisse se plante, Pauline Marois aussi

Une bonne semaine après l'événement, Pauline Marois monte aux barricades dans l'affaire du partenariat Caisse de dépôt-Kruger à Memphis, aux États-Unis. La main sur le coeur, elle pourfend la Caisse et met en cause son orientation, au lieu de simplement la rappeler à l'ordre. Ce faisant, elle nuit plus qu'elle n'inspire.

Vos réactions

"Investir plus de 200 millions de nos dollars sans même regarder une carte géographique trahit une sidérante insensibilité. Pire encore, ne pas percevoir que de faire un tel investissement pourrait soulever la controverse dénote une réflexion purement financière, sans aucune considération pour la réelle mission de la Caisse !"

- jfhenault

"De là à rayer le Tennessee de la carte des investissements, il y a une marge. Avec ce genre de raisonnement, personne ne devrait investir en Allemagne, car elle est à l'origine de la Deuxième Guerre mondiale. Voilà pourquoi j'estime que la Caisse doit jouir d'une totale indépendance opérationnelle."

-cproulx

"Tous les pays jouent le jeu des subventions, et ni le Québec ni le Canada ne manquent à l'appel. Je crois au choix des entreprises de prendre de l'expansion aux États-Unis. Je ne vois pas pourquoi la Caisse aurait dû s'abstenir."

- YBertrand

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