La France veut devenir le partenaire no 1 du Québec

Publié le 17/09/2011 à 00:00

La France veut devenir le partenaire no 1 du Québec

Publié le 17/09/2011 à 00:00

"Un véritable Eldorado" ! L'histoire veut que cette contrée légendaire de l'Amérique du Sud ait regorgé d'or, de quoi aiguiser l'appétit de tous les conquistadors.

Éric Besson n'est pas un conquistador, et il admet lui-même "appuyer un peu" en qualifiant ainsi le Nord-du-Québec, mais son message est clair : la France s'intéresse de près au Plan Nord et elle entend y participer en collaborant étroitement avec le Québec.

Ministre de l'Industrie dans le gouvernement français, M. Besson a effectué une tournée éclair dans le Nord québécois, la semaine dernière, s'arrêtant notamment à Chibougamau et à Radisson. Même s'il a voyagé aux côtés de Jean Charest, ce n'était pas qu'une visite politique : les représentants de 14 entreprises françaises l'accompagnaient. Le ministre a pour elles, et pour toutes celles qui pourraient s'imposer dans le Nord, de grandes ambitions. Très grandes.

"Nous ne nous laisserons pas doubler par les Chinois", a-t-il répondu quand on lui a fait remarquer que la Chine a déjà quelques pas d'avance. Bonne chance... mais mieux vaut tard que jamais. Manifestement, il a été impressionné par ce qu'il a vu. Pas d'allusions aux "territoires infinis" ni aux "grands espaces où on se sent en communion avec la Nature". L'heure n'est plus aux clichés.

Dans les faits, il dit souhaiter que la France devienne carrément le premier partenaire commercial du Québec pour ce qui est des investissements internationaux, devançant même les États-Unis. Elle se situe pour l'instant au deuxième rang, ayant finalement distancé le Royaume-Uni. Le ministre a pris soin de ne pas trop s'emballer devant la presse québécoise (et française), mais le changement de ton est encourageant.

Trop longtemps, la France a d'abord joué la carte politique en se fendant de grandes déclarations, la main sur le coeur. En économie, cependant, elle se traînait les pieds. Oh, il y a toujours eu des échanges commerciaux et des investissements d'envergure, ici, mais ils n'étaient pas aussi systématiques qu'on l'aurait souhaité. On entendait des cocoricos patriotiques là où on aurait préféré entendre gronder des pelles mécaniques.

Aucune minière n'était du voyage

L'occasion fait maintenant le larron. M. Besson le dit lui-même : la France sait qu'il lui faut sécuriser ses approvisionnements en métaux stratégiques, lithium, terres rares et autres. Le potentiel minier du Québec est considérable. Aussi bien participer à sa mise en valeur avant que les autres n'aient tout ramassé.

Comment ? Curieusement, aucune entreprise minière n'était de la tournée, si l'on excepte des représentants du BRGM, le Bureau de recherches géologiques et minières. C'est pourtant la première étape. Lorsqu'on lui a demandé si la France pensait intervenir d'une façon ou d'une autre dans l'exploitation des ressources, M. Besson a répondu qu'il souhaitait ardemment que des entreprises se manifestent. En fait, c'est là qu'on pourra mesurer le sérieux de toutes ces belles intentions.

Mais il y a quand même tellement à développer dans le Nord ! Seulement en télécoms, le défi est immense, sans parler des infrastructures. Il ne peut plus y avoir de progrès sans Internet. Ce sont là deux domaines où de grandes sociétés françaises excellent. Peut-être que ce sont des firmes d'ingénierie qui se manifesteront en premier, auquel cas elles viendraient concurrencer leurs homologues québécoises... Même si un peu de concurrence ne fait jamais de mal, on préférerait les voir prendre leur chapeau de prospecteur et investir des tonnes d'euros pour mettre à jour tous les eldorados que l'on peut convoiter.

Et l'essentielle question des ressources humaines demeure. On évoque la création de 20 000 emplois par année. Si c'est le cas, le Québec aura clairement besoin de renfort. Les discussions sur la mobilité de la main-d'oeuvre avancent, ce qui pourrait favoriser la venue de travailleurs français qualifiés, "prêts à vivre la grande aventure du Nord", selon les mots du ministre.

En livrant ainsi ses impressions, M. Besson a conservé une attitude prudente, éminemment ministérielle. On le sentait cependant fébrile. La France semble prête à passer en deuxième vitesse pour brasser de grosses affaires. C'est pas mal mieux que de rêver à la cabane au Canada...

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Vos réactions

"C'est bizarre, cette démission-surprise, cela ne cache pas plutôt un gros squelette dans le placard ?"

- getalife

"Madame Normandeau, comme son premier ministre, a décidé d'abandonner l'exploitation des ressources naturelles dans le sud du Québec (gaz, pétrole, mines) parce que ce n'est pas rentable électoralement. Maintenant que la plupart des projets miniers sur le territoire du Plan Nord ont été annoncés, il ne lui reste plus grand-chose sur la planche à dessin, n'est-ce pas ?"

- jpthoma1

"Elle part deux ans avant d'obtenir sa Liberté 45, avec une belle pension dorée pour 15 ans de service. C'est généreux de sa part."

- hmclellan

rene.vezina@transcontinental.ca

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

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