Confierez-vous vos fichiers à Kim Dotcom ?

Publié le 02/02/2013 à 00:00, mis à jour le 31/01/2013 à 09:11

Confierez-vous vos fichiers à Kim Dotcom ?

Publié le 02/02/2013 à 00:00, mis à jour le 31/01/2013 à 09:11

Le fondateur de Megaupload, Kim Dotcom, est de retour. Le 20 janvier, un an jour pour jour après son arrestation en Nouvelle-Zélande, il a lancé Mega. Le nouveau service de stockage en ligne, qui ressemble davantage à Dropbox qu'à Pirate Bay, vise le marché des PME. Avec 50 Go d'espace de stockage gratuit et la promesse d'un niveau de sécurité sans précédent, Mega a déjà séduit plus d'un million d'utilisateurs.

Concurrente de Dropbox et de Google Drive, Mega offre des forfaits d'abonnement plus avantageux. De plus, la société se présente comme une championne de la vie privée, recourant à de gigantesques clés de cryptage de 2 048 bits. D'autres services recourent au cryptage, mais seule Mega ne peut pas décrypter le contenu qu'elle héberge, puisqu'elle attribue cette tâche aux navigateurs Internet des utilisateurs. «Techniquement, Mega ne sera pas en mesure de décrypter votre contenu stocké sur ses serveurs ; vous seuls serez capables de le faire, sur votre navigateur», dit Jean Loup Le Roux, conseiller en sécurité de l'information chez In Fidem, de Montréal.

Un risque politico-juridique ?

Quoique ces mesures de sécurité aient été mises en place pour protéger Mega contre des poursuites telles que celles qui ont entraîné la fermeture de Megaupload l'an dernier, ses utilisateurs en bénéficieront aussi. «D'un point de vue technique, c'est très sécuritaire. Du moins, ce l'est davantage que les services de stockage concurrents», estime Jean Loup Le Roux.

On peut tout de même se demander si faire affaire avec Mega est sécuritaire à d'autres points de vue. Le principal risque auquel fait face Mega est probablement son fondateur lui-même. La personnalité colorée de Kim Dotcom, reconnu coupable de délit d'initié en Allemagne au début des années 2000, pourrait avoir attiré l'attention des autorités américaines, qui ont réussi à faire fermer Megaupload. Ainsi, si Mega venait à connaître le même sort, les PME qui ont opté pour le service pourraient soudainement perdre accès à leurs fichiers.

Il est de notoriété publique que Megaupload et ses satellites, dont Megavideo, étaient utilisés pour héberger des films hollywoodiens. C'est toutefois loin d'être suffisante pour prouver la culpabilité de ses administrateurs. Selon Vincent Gautrais, titulaire de la Chaire de l'Université de Montréal en droit de la sécurité et des affaires électroniques, il est très difficile pour la justice américaine d'obtenir la fermeture d'un site agissant comme intermédiaire. «En vertu du Digital Millenium Copyright Act, on a tendance à conclure que l'intermédiaire n'est pas responsable des activités d'autrui à la condition qu'il agisse avec promptitude lorsqu'on lui signale un contenu illégal.»

Un an après la fermeture de Megaupload, la culpabilité de ses administrateurs est loin d'avoir été prouvée. Dans les faits, Kim Dotcom a depuis accumulé les victoires juridiques sur la forme. S'il échappe à la demande d'extradition vers les États-Unis qui pèse contre lui, son procès pourrait ne jamais avoir lieu.

Le nom de domaine Mega.co.nz, dont l'extension est néo-zélandaise, est à l'abri d'une intervention directe de la justice américaine. Ce choix de nom de domaine n'est pas un hasard, puisque l'affaire de Megaupload est devenue politique en Nouvelle-Zélande, où la justice américaine ne bénéficiera sans doute plus du même niveau de collaboration. Son premier ministre, John Key, s'est d'ailleurs excusé auprès de Dotcom après qu'on eût dévoilé que la police du pays l'avait espionné illégalement.

Selon Vincent Gautrais, il y a sans contredit une dimension qui ne relève pas du droit dans l'affaire de Megaupload, qu'il compare à celle de Wikileaks. «On est dans des situations où le droit réagit plus promptement qu'en temps normal. Je ne suis pas sûr que, dans le cas de Mega, la réaction puisse être aussi forte que dans celui de Megaupload, car on se rend compte qu'elle a peut-être été excessive. On va peut-être se garder une petite gêne.»

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