Cinq semaines en ballounes électorales

Publié le 01/09/2012 à 00:00

Cinq semaines en ballounes électorales

Publié le 01/09/2012 à 00:00

L'économie du Québec se contracte.

Le taux de chômage augmente.

L'économie internationale faiblit.

Les grandes sociétés minières suspendent projet sur projet.

Mais ici, les politiciens accumulent promesse sur promesse, comme si de rien n'était. Pour financer tous leurs engagements, ils misent sur les redevances, toutes plus faramineuses les unes que les autres, que devraient procurer les richesses du sous-sol québécois.

Un jour, on parlera de cette campagne électorale 2012 comme celle où tous les partis ont allègrement mis la charrue avant les boeufs. Il y a certainement matière à enrichissement collectif concernant le Nord québécois. Mais pas aussi vite ni aussi somptueusement que ne le rêvent nos aspirants au pouvoir.

C'est bizarre. Il n'y a pas si longtemps, on remettait en question le bien-fondé même de grands projets dans le Nord. Le Québec allait se faire voler ses ressources non renouvelables qui seraient pillées sans retenue. Il n'en tirerait au bout du compte qu'une maigre pitance. Puis, le discours a changé. Vivement de grands projets pour que se remplissent les coffres de l'État. Ce n'était pas le pari sur le Nord qui était déplacé, c'était la hauteur des gageures. Il suffisait d'augmenter les sommes pour que tout rentre dans l'ordre.

Et vers la fin de cette campagne, l'essence même du Plan Nord fait l'objet d'une belle unanimité. Le gros lot est à portée de main. Et il serait encore plus costaud si on n'avait pas bêtement abandonné le pétrole de l'île d'Anticosti. Le seul désaccord porte sur le calcul des taxes et des redevances à venir.

Désolé. Pour paraphraser Jules Verne, nous venons de vivre cinq semaines de ballounes (Cinq semaines en ballon). Cinq semaines de campagne durant lesquelles on a fabulé autour du futur en oubliant les réalités de plus en plus préoccupantes du présent.

Lèvera, lèvera pas, le Plan Nord ? Il y aura certainement des développements importants, et certains chantiers sont déjà en marche. La mine d'or Éléonore, de Goldcorp, avance bien, d'autant plus qu'une entente historique a été signée avec les Cris. Le projet diamantaire Renard semble également bien parti, malgré le décevant différend qui oppose les promoteurs à Hydro-Québec quant à l'approvisionnement en électricité. On travaille également fort du côté de Fermont, et tous les espoirs demeurent permis au nord de Schefferville dans ce qui reste un des plus formidables bassins ferrifères du monde.

Deux attitudes stratégiques

Mais... bien malin qui peut désormais prédire la vigueur de la demande mondiale sur laquelle reposent les plus grands espoirs. Surtout, une prudence élémentaire dicterait dans ce contexte au moins deux attitudes stratégiques.

Premièrement, il serait avisé de ne pas effaroucher les éventuels exploitants par la perspective de prélèvements gouvernementaux toujours plus élevés. Une chose à la fois... L'Australie va elle-même devoir revoir à la baisse ses prévisions de revenus maintenant que BHP Billiton vient de mettre sur la glace le gigantesque projet Olympic Dam.

Deuxièmement, on devrait éviter de mettre sur un plateau de la balance des promesses immédiates dont on peut déjà évaluer les coûts réels et, sur l'autre, des revenus totalement aléatoires en pensant ainsi parvenir à une sorte d'équilibre. Ça ne tient pas.

Aujourd'hui déjà, les prévisions de croissance économique pourtant modestes présentées au printemps dernier par le ministre des Finances Raymond Bachand semblent incertaines ! Il était question d'environ 2 %, mais nous pourrons nous compter bien chanceux si le bilan final atteint 1 %, au rythme où les données décevantes se succèdent de mois en mois. Faut-il le rappeler que la dernière lecture, en mai, montrait un recul de 0,4 %. En avril, la situation était à l'état neutre et en mars, elle accusait également un léger repli. Pour parler comme le chauffeur d'autobus, notre économie « avance en arrière ».

Nous ne nous dirigeons quand même pas vers une catastrophe. Le Canada est encore bien mieux équipé que la plupart des pays du globe pour affronter le mauvais temps. Le Québec traîne la patte, mais son économie ne chavire pas. Rien à voir avec l'interminable léthargie européenne, plombée par les déboires des pays méditerranéens.

Quand on se compare, on se console ? Ce serait là un bien pauvre slogan électoral. Mais les ballounes ne sont pas plus inspirantes. Il va falloir bien autre chose que des engagements gonflés à l'hélium pour remettre le Québec sur le chemin de la prospérité.

DE MON BLOGUE

Campagne électorale

Première fable : Pauline et le pot au lait

Vous connaissez l'histoire de la laitière et du pot au lait ? Cette fable de La Fontaine s'applique très bien aux idées de grandeur des partis politiques en lice pour l'élection à venir, en particulier le PQ, quand ils voient le Plan Nord comme la caisse capable de payer tous leurs engagements.

Vos réactions

«Paraît que le PQ va sortir son cadre financier au début de la fin de semaine [...] Mais soyez sans crainte, les analystes financiers de la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine vont se faire un plaisir de vérifier "à la cenne près" les redevances qu'elle prévoit encaisser pour payer ses dépenses et ses référendums populaires ! » - jpthoma1

« Comme vous le mentionnez, M. Vézina, le Plan Nord n'est pas la panacée de tous nos problèmes financiers [...] Alors, peu importe qui sera au pouvoir après le 4 septembre, devinez où le gouvernement du Québec viendra chercher son "manque à gagner" ? Dans nos poches ! » - dencour

rene.vezina@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

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