Cameroun : une économie parallèle en plein essor

Publié le 12/06/2010 à 00:00

Cameroun : une économie parallèle en plein essor

Publié le 12/06/2010 à 00:00

Par Suzanne Dansereau

Cette relation houleuse entre le milieu politique et celui des affaires favorise l'essor d'une économie parallèle, ce qui rend encore plus difficile la mobilisation des recettes pour l'État, estime Patrick Sevaistre, membre du Conseil français des investisseurs en Afrique.

On estime que 90 % des emplois au Cameroun sont informels : ils ne génèrent pas d'impôt. Il est question des petites échoppes qui vendent des produits agricoles, aussi bien que des taxis, et de petites entreprises qui comptent jusqu'à 50 employés. " L'ampleur de l'informel fait en sorte que le Cameroun nage dans une économie de survie, mais pas une économie de développement ", analyse M. Sevaistre.

De plus, cela décourage les entreprises à se regrouper en grappes et à se mettre à niveau, ce qui défavorise les donneurs d'ordre et la qualité du travail. La main-d'oeuvre reste peu qualifiée.

Simplifier la réglementation

L'État ne peut pas mettre un terme à l'économie parallèle du jour au lendemain, mais il a commencé à instaurer des incitatifs pour pousser les entreprises à sortir du placard. Un défi important. Récemment, le ministre des PME a annoncé qu'il avait réduit de 32 à 12 le nombre d'étapes pour créer une entreprise. De plus, le délai nécessaire est passé de 40 jours à 72 heures.

Il veut aussi encourager la création d'organisations sectorielles. Le ministre des Finances a annoncé la création de centres de gestion agréés. Il s'est aussi engagé de façon rigoureuse dans la lutte contre la corruption. " Le problème est que les fonctionnaires de l'impôt sont les premiers à être corrompus, dit Seme Noungon, président de la Fédération des Associations de PME du Cameroun. Et même si les tribunaux les envoient derrière les barreaux, on ne leur demande pas de rembourser ce qu'ils ont pris. "

Un faible tissu industriel

Par ailleurs, M. Noungon estime que d'autres progrès doivent être accomplis afin de soutenir le développement des PME, par exemple sur l'accessibilité au crédit. " Les taux d'intérêt pour les petites et moyennes entreprises demeurent exorbitants, autour de 15 à 20 %, et la durée des prêts est trop courte. "

Pour Patrick Sevaistre, le Cameroun n'est pas encore " dans le jeu " de la compétitivité. " Son tissu industriel est faible et peu concurrentiel. Il n'offre pas de valeur ajoutée. Le gouvernement doit donc cerner des secteurs prioritaires comme l'agro-industrie, les travaux publics et le bois, et faire le maximum pour les rendre concurrentiels. En outre, il doit comprendre que les entreprises sont un bien public. Il doit les laisser libres ! "

Plus de 50 %

des Camerounais sondés dans le cadre du sondage de Transparency International pour mesurer la corruption internationale ont déclaré avoir payé un pot-de-vin au cours des 12 mois précédents. Ce résultat place le Cameroun dans le groupe 1, celui des pays les plus corrompus du monde, en compagnie du Libéria, de l'Ouganda et du Sierra Leone.

Source : Transparency International, Baromètre mondial de la corruption 2009.

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