Cameroun : un chantier parsemé d'embûches

Publié le 12/06/2010 à 00:00

Cameroun : un chantier parsemé d'embûches

Publié le 12/06/2010 à 00:00

Par Suzanne Dansereau

En avril dernier, lorsqu'un chauffard a basculé par-dessus le pont, à Douala, le centre économique du Cameroun, la circulation automobile a été bloquée pendant trois jours.

Il n'y a qu'un pont pour traverser cette ville de trois millions d'habitants, et il ne compte que deux voies, une dans chaque direction.

Cette anecdote résume les contraintes avec lesquelles les entreprises qui souhaitent faire des affaires au Cameroun doivent composer. Par exemple, se rendre au nord du pays prend deux à trois jours, en train, dans des wagons vétustes, et coûte plus cher qu'un voyage en avion à destination de Paris.

" On parle beaucoup d'union politique entre les pays africains, mais ce qu'il nous faut avant la politique, ce sont des routes ", dit le ministre des Transports du Cameroun, Bello Bouba Maigari. Au Cameroun, seulement 10 % des routes sont asphaltées.

Routes, infrastructures et énergie font cruellement défaut et cela entrave le développement économique, comme dans plusieurs autres pays du continent.

" Le gouvernement demande aux industries extractives de faire de la transformation. Bonne idée. Mais pour passer du primaire au secondaire, cela nécessite des économies d'échelle, de l'énergie et de la main-d'oeuvre qualifiée ", déplore Richard Howe, directeur de la mine de cobalt de Covic au Cameroun.

En ce qui a trait au climat d'affaires, le pays figure en queue de peloton, selon le palmarès Doing Business de la Banque mondiale. " Créer des entreprises est un processus lourd et leur taux de survie est très faible ", indique Patrick Sevaistre, membre du Conseil français des investisseurs en Afrique.

La politique, principale entrave au commerce

M. Sevaistre, à qui l'Union européenne a demandé d'élaborer une stratégie de compétitivité pour le Cameroun, salue la politique actuelle des grands projets, qui s'attaque aux carences en infrastructures et au déficit énergétique. Il estime toutefois que les vrais problèmes ne sont pas réglés pour autant.

" Le plus grand frein au développement de ce pays est la relation conflictuelle entre l'État et le milieu des affaires. " Selon lui, cette relation aurait des origines ethniques : les politiciens font partie de la tribu des Boulous ou des Betis, tandis que les gens d'affaires sont des Bamileke.

" Dans les pays africains qui ont réussi, il y a un secteur privé fort et une administration accommodante. Ce n'est pas le cas ici ", ajoute M. Sevaistre. Le président de la Fédération des Associations de PME du Cameroun, Seme Noungon, corrobore ces propos. " Au Cameroun, l'État se bat avec le secteur privé. "

Propriétaire d'une usine d'embouteillage d'eau minérale et d'un complexe hôtelier, M. Noungon se dit harcelé par l'État. " J'ai eu trois fois la visite de contrôleurs de l'impôt l'an dernier. Ils me détestent parce que je paie mes impôts ! "

Un torréfacteur qui emploie 12 personnes nous a reconté qu'il a reçu la visite d'un contrôleur qui lui demandait 8 millions de francs CFA (16 000 $ canadiens) d'impôt supplémentaire. " Il est reparti avec un million dans ses poches et 200 000 pour le trésor public. "

L'État considère les entreprises comme des " vaches à lait ", déplore Richard Howe, directeur de la mine de cobalt de Covic, au Cameroun.

suzanne.dansereau@transcontinental.ca

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