De la passion au burn-out

Publié le 24/11/2008 à 14:19

De la passion au burn-out

Publié le 24/11/2008 à 14:19

Par lesaffaires.com
Pourquoi les bourreaux de travail risquent-ils de se rendre malades ? Docteur André Arsenault, spécialiste en épuisement professionnel, nous en explique les mécanismes.

1. La semaine de 60 heures a-t-elle sa raison d'être ?

Oui, dans certaines situations. Des pompiers doivent parfois combattre des feux pendant des jours. Mais un excès d'heures de travail, sur une base régulière, entraîne de la fatigue ainsi qu'une perturbation des cycles du sommeil et de l'alimentation ; les gens perdent l'habitude de manger à des heures régulières, sautent des repas, perdent l'appétit, etc. La personne qui a trop peu dormi est dans la lune, inattentive et incapable de prendre des décisions complexes qui exigent de la concentration. Le manque de sommeil nuit à la mémoire à court terme et au jugement.

La fatigue nuit aussi aux relations avec les autres. Quand on rentre à la maison, on arrive dans une maison qu'on n'habite plus vraiment. On passe à côté du reste de sa vie.

2. Le corps ne sent-il pas la fatigue ?

Le cerveau a un mécanisme de défense qui s'appelle le déni. Quand on fait un travail qui exige de la vigilance et que l'on sent la fatigue, le cerveau nous envoie le message : "Continue, tu es capable !" Il sécrète de l'adrénaline, un stimulant. Parallèlement, la personne a aussi recours à des béquilles, par exemple la caféine, qui lui permet de maintenir l'apparence de performance. Après 16 heures de travail, le cerveau sécrète des endorphines qui endorment la douleur due à l'effort mental. On devient alors pratiquement euphorique.

Or, lorsqu'on arrête de travailler, le cerveau peine à ralentir. Il est, en quelque sorte, en sevrage du travail. À la longue, les gens qui travaillent trop, trop longtemps, sont incapables de s'arrêter.

3. Si on travaille beaucoup, à quoi doit-on être attentif ?

Si on subit trop de stress, la qualité du sommeil se détériore. On a de la difficulté à s'endormir, on se réveille au milieu de la nuit ou on se lève le matin avec l'impression de ne pas avoir dormi. On a aussi de la difficulté à "décrocher" la fin de semaine. On arrête de travailler le vendredi, on commence à se sentir bien le samedi matin, mais on se laisse envahir par la pensée du bureau dès le samedi soir.

4. La satisfaction au travail peut-elle compenser ces effets négatifs ?

Les heures supplémentaires, chez les gens contraints d'en faire, par exemple les infirmières, ou chez les gens insatisfaits de leur travail, peuvent causer des états dépressifs ou de l'anxiété. Ces effets ne sont pas les mêmes chez les gens qui sont passionnés par leur travail. Il reste que la passion tient à la fois de la fleur et du chiendent. Elle apporte de la joie, mais si elle envahit tout le gazon, elle peut gâter la qualité de vie. Chez certains, le travail occupe tellement de place qu'il n'y a rien d'autre dans leur vie. Lorsqu'on subit trop de stress, celui-ci cesse d'être créatif et récréatif. Notre cerveau tourne à vide.

5. Le burn-out guette ces bourreaux de travail...

Oui. Et malheureusement, lorsqu'ils souffrent d'épuisement professionnel, ils sont souvent isolés. Ils ont négligé leurs proches et leurs amis qui auraient pu les soutenir durant ce moment difficile.

Les pièges de la semaine de 60 heures

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