Le huard défie les économistes

Publié le 10/06/2009 à 00:00

Le huard défie les économistes

Publié le 10/06/2009 à 00:00

Par Léonie Laflamme Savoie

En effet, cette hausse du dollar canadien surprend puisque notre huard est habituellement une devise cyclique entraînée par les prix des ressources naturelles. Ces prix sont historiquement des valeurs qui ont toujours été retardées par rapport au cycle économique mondial. Or, ils réagissent actuellement plutôt comme des indices avancés en devançant la reprise économique.

Les prix des matières premières sont repartis à la hausse depuis les dernières semaines, entraînant avec eux le dollar canadien vers des sommets. Après avoir enregistré un creux à moins de 0,77 $US, le huard vient d'atteindre un sommet de plus de 0,92 $US. Ce niveau correspond à une augmentation de plus de 20% en moins de trois mois.

Selon Yannick Desnoyers, économiste en chef à la Banque Nationale, « un gain aussi rapide est sans précédent pour le huard » qui « dépasse sa valeur d'équilibre de long terme de près de 10% ». Il impute à la Banque du Canada une partie de la responsabilité de ce mouvement de la devise canadienne.

« À notre avis, la Banque du Canada aurait pu limiter l'ascension du huard en fixant plus bas la barre de la détente quantitative, explique-t-il. Dans son dernier Rapport sur la politique monétaire, la Banque a placé la barre si haute qu'elle a laissé la voie libre à une appréciation du huard. »

D'une façon inévitable, ce sont les exportations canadiennes qui écoperont de cette hausse du dollar canadien. De plus, l'envolée du huard va venir atténuer les marges bénéficiaires des manufacturiers des provinces centrales, qui ne bénéficieront pas de la hausse des prix des produits de base.

Une baisse prochaine?

D'ailleurs, chez Desjardins, on demeure prudents face à cette hausse des prix des matières premières.

« Les sommets enregistrés à la mi-2008 sont encore bien loin d'être atteints, mais il n'en demeure pas moins que la vigueur de la hausse récente, dans un contexte de récession sévère, est surprenante », soutiennent François Dupuis et Martin Lefebvre, respectivement économiste en chef et économiste principal, dans les dernières prévisions de Desjardins.

« Si les importations record en provenance de la Chine ont profité aux prix des métaux de base, dans l'ensemble la hausse des prix des matières premières s'appuie essentiellement sur l'espoir d'une reprise économique en deuxième moitié de 2009 et sur une dépréciation du billet vert », ajoute-t-ils.

On s'attend à ce que la Banque du Canada demeure conservatrice dans son intervention et attende de voir les conséquences qu'aura la hausse du dollar canadien sur l'économie réelle avant de choisir de passer à une politique monétaire quantitative qui pourrait avoir un effet concret sur le huard.

« En l'absence de la possibilité d'abaisser les taux d'intérêt pour contrer une hausse probablement trop subite de la devise, le dollar canadien est appelé à descendre uniquement sur la base d'un billet vert qui gagnerait en force au cours des prochains mois », prévient Yannick Desnoyers.

Le dollar canadien s'échangeait à 90,79 cents US ce matin, en hausse de 0,14 cent US par rapport à la clôture de mardi. Le billet vert américain cotait 1,1015 $ CAN, en baisse de de 0,17 cent.

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