Analyse : qu'est-ce qui plombe les banques canadiennes ?

Publié le 19/01/2009 à 00:00

Analyse : qu'est-ce qui plombe les banques canadiennes ?

Publié le 19/01/2009 à 00:00

Oscillant entre 15 et 16 dollars, le fonds commun de placement qui reproduit l’indice des financières à Toronto (code: XFN), semble ancré au plancher, très loin de son sommet de 25 dollars il y a un an. Ce qui traduit le manque d’enthousiasme des investisseurs pour ce secteur.

Ce qui a freiné le plus les titres financiers a été la vague de levées de capitaux amorcée depuis octobre dernier. Au total, les grandes banques ont récolté 7,6 milliards de dollars dont les deux tiers sont sous la forme d’actions ordinaires.

Cette course au capital est «une réponse aux exigences du marché plutôt qu’aux exigences des régulateurs», explique Kevin Choquette, analyste chez Scotia Capital. Le régulateur se serait contenté des ratios de capital précédents. Néanmoins, échaudé par les pertes des financières aux États-Unis et en Europe, le marché s’est mis à exiger davantage de sécurité des banques canadiennes.

Pourquoi 10%?

Et tout à coup, le marché semble avoir décidé que les banques canadiennes devaient afficher un ratio de capital de catégorie 1 de 10%. Pourquoi ce chiffre de 10% ? «C’est un beau chiffre tout rond…. À part cela, nous ne savons pas pourquoi ce niveau en particulier a été choisi», ironise John Aiken, analyste chez Dundee Securities.

Avec pour résultat que le ratio de catégorie 1 de l’ensemble du secteur est bien revenu à 9,6%, mais à quel prix ? «Ces levées de fonds ont causé un recul des prix que nous estimons à 10% et elles ont aussi freiné le rebond du secteur», estime Kevin Choquette.

Ce qui, selon Kevin Choquette, équivaut à un mouvement de panique, a toutefois doté les banques canadiennes d’une structure encore plus solide, qui devrait se traduire par des évaluations plus fortes pour les banques dotées des ratios de capital les plus fortes.

Surveiller les États-Unis

Pour cela, il faudra faire montre de patience. Le rebond n’est pas pour demain, estime John Aiken, qui pense que ce sera l’étendue du ralentissement économique aux États-Unis qui dictera le niveau des évaluations pour les titres bancaires.

Les banques ayant élargi leurs activités à l’étranger sont les plus exposées. À une vague de pertes sur actifs toxiques suivra une vague de pertes sur prêts non-performants. John Aiken pense que les titres les plus vulnérables sont ceux de la Banque Scotia, de la Banque TD et de la BMO.

En revanche, la résilience du marché intérieur canadien soutiendra les activités de banque de détail de la Banque TD, de la RBC et de la CIBC.

Quant aux investisseurs, ils auront plus que jamais les yeux rivés sur les dividendes. Réputés pour le taux élevé de distribution des bénéfices, les titres bancaires sont les premiers choix des gestionnaires qui souhaitent construire des portefeuilles dont les revenus courants sont élevés.

Conscientes des attentes du marché, les banques canadiennes n’ont, à ce jour, pas réduit leurs dividendes. «Nous pensons qu’elles maintiendront ce cap, mais nous ne pouvons pas en être sûrs à 100%», prévient John Aiken.

Ne serait-ce que pour maintenir ces dividendes, les banques sont contraintes de puiser davantage dans les bénéfices de l’année en cours. Et ces bénéfices ont fondu avec la crise financière. Si, pour la plupart, la moitié des bénéfices sont reversés aux actionnaires, une banque comme la BMO en est rendue à distribuer 70% de ses bénéfices pour maintenir le dividende de l’année passée. Elle est la première candidate aux diminutions de dividendes.
Compte tenu de ces facteurs, «le moment n’est pas venu d’abandonner nos réflexes de prudence. Plus que jamais, nous devrons demeurer sélectifs et vigilants», dit John Aiken.

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