La drôle de guerre du bois d'œuvre

Publié le 23/05/2018 à 16:12

La drôle de guerre du bois d'œuvre

Publié le 23/05/2018 à 16:12

Par François Normand

Vous avez l’impression qu’il ne se passe rien dans le dossier du bois d’œuvre? Eh bien, vous avez raison: les discussions sont sur la glace car les producteurs canadiens et américains font de l’argent pendant que les consommateurs américains paient leur maison plus cher en raison des droits compensateurs et antidumping imposés par Washington.

C’est que confirment à Les Affaires plusieurs sources de l’industrie du bois d’œuvre, dont le Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ). «Il ne se passe rien; on ne se parle pas», affirme l’économiste du CIFQ, Michel Vincent.

Bref, malgré le conflit du bois d’œuvre, il n’y a ni combat ni pourparlers de paix.

Un épisode qui n’est pas sans rappeler la «drôle de guerre», la période qui s’étend du 3 septembre 1939 (la déclaration de guerre de la France et du Royaume-Uni à l’Allemagne) et l’invasion de la Belgique et des Pays-Bas par les troupes allemandes le 10 mai 1940.

Or, durant cette période, les Alliés et les Allemands ne se sont pas combattus.

Les conditions de marché sont en grande partie responsables de cette «drôle de guerre» du bois d’œuvre, selon une source de l’industrie qui requiert l’anonymat. «La vigueur économique américaine et canadienne fait en sorte de maintenir une forte demande pour les produits du bois canadien.»

De plus, la «situation exceptionnelle» dans l’Ouest canadien - l’industrie forestière peine à sortir ses produits en raison de problématiques de transport, des feux de forêt, etc. - contribue aussi à maintenir des prix élevés pour le bois d’œuvre, selon cette source de l’industrie.

Résultat: les producteurs canadiens de bois d’œuvre continuent d’exporter massivement au sud de la frontière tandis que les producteurs américains font la même chose aux États-Unis, et ce, sans perdre de parts de marché.

Par ailleurs, les entreprises canadiennes continuent à payer actuellement des taxes aux autorités américaines, dont une partie pourrait se retrouver un jour dans les poches de l’industrie américaine -comme lors du précédent conflit du bois d’œuvre avec les Américains, où le Canada a laissé un milliard de dollars sur la table.

Dans ce contexte, personne n’a intérêt à négocier une entente, affirme une autre source près des négociations, sous le couvert de l’anonymat.

À l’instar des autres conflits du bois d’œuvre, le Canada a bien entendu porté plainte devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).

Si ces procédures sont longues, elles ont toutefois toujours donné raison au Canada dans le passé. Mais contrairement aux précédents conflits du bois d’œuvre, les entreprises canadiennes n’ont pas le couteau sur la gorge, car elles continuent à faire de l’argent et n’ont donc pas à faire de mises à pied. Une situation qui permet de prolonger le conflit.

En fait, il n’y a qu’un seul perdant dans ce contexte: le consommateur américain.

Selon diverses estimations, les Américains doivent payer entre 2 500$ et 10 000$US de plus pour se faire construire une maison en raison des droits compensateurs et antidumping imposés par l’administration Trump.

Reste à voir si les consommateurs américains toléreront encore longtemps cette situation à l’approche des élections de mi-mandat aux États-Unis, en novembre 2018, et de la prochaine élection présidentielle, en novembre 2020.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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