Le refus d'Ottawa de laisser Petronas mettre la main sur Progress Energy ne représente que le troisième cas du genre.
Mais pour Charles St-Arnaud, qui suit l'économie canadienne depuis Wall Street pour la banque Nomura, le gouvernement conservateur "risque d'envoyer un mauvais signal" aux investisseurs étrangers.
"Il n'y a eu aucun détail sur les raisons qui ont fait que cette transaction a été rejetée", indique-t-il à l'AFP. Prendre le temps d'étudier les projets d'acquisition au nom de l'intérêt national constitue "une bonne politique, mais le problème c'est que c'est opaque", et cela ne permet pas de comprendre les motivations des responsables à Ottawa.
Il y a près de deux ans jour pour jour, le gouvernement conservateur s'opposait au rachat du leader mondial de la potasse, PotashCorp, par le géant anglo-australien BHP Billiton. Ottawa avait alors invoqué le même "avantage net" pour le pays et le ministre de l'Industrie d'alors, Tony Clement, avait promis un rapport détaillé expliquant le rejet. "On l'attend toujours", ironise M. St-Arnaud.
"Il semble qu'il y ait des +conditions+ spéciales qui s'appliquent" à la transaction entre Petronas et Progress, estime Steve Toth, analyste de la banque d'affaire Canaccord Genuity, selon qui au contraire elle présentait un bénéfice net.
Pour le cabinet Raymond James, qui déplore le manque de transparence du ministère de l'Industrie, il semble qu'un "agenda politique plus large ait quelque peu éclipsé les considérations rationnelles de l'acquisition".
Un récent sondage soulignait à ce propos que presque quatre Canadiens sur cinq (78%) estiment qu'Ottawa ne devrait pas permettre à des gouvernements étrangers de contrôler ses richesses naturelles.
Les analystes de Crédit Suisse restent toutefois optimistes pour l'avenir de l'acquisition de Nexen par le chinois CNOOC. Cela "va avoir lieu" car le groupe public chinois a donné des garanties précises aux Canadiens, avancent-ils.